VI Forum «Arménie-Diaspora 2017». Lévon Beklaryan: «L’Arménie sur son envol». Rapport

Le début du XXe siècle se solde par le Génocide du peuple arménien sur toute l’étendue du Plateau Arménien et la création «d’un Etat-réserve» sous la forme d’une Arménie Soviétique. Pour empêcher la création d’un gouvernement arménien s’étendant sur tout le Plateau arménien, tout a été bon: les génocides, le pillage du capital arménien, délégation de la Question Arménienne à divers courants, projet d’une Arménie diminuée

Le constat des maigres ressources existantes  ne doit pas être supérieur aux possibilités de survie biologique  d’une population qui a frôlé l’anéantissement. L’environnement doit entrer dans une dynamique de soutien actif à la configuration de l’état de réservation. Pour cela on doit donner aux voisins immédiats des territoires hors réserve.  Par la suite, le projet bolchévique a bu la tasse. Puis lors de la nouvelle conjoncture historique, se posait déjà la question comment écarter les bolchéviques.

Pendant ce court laps de temps, les débris survivants de  race arménienne ont su faire renaître la culture arménienne, construire une société industrielle moderne en terre d’Arménie soviétique. Ce fait s’avère être «un des miracles du XXe siècle». Tout cela a été possible grâce au fond de son ancienne civilisation – édification, procédés de transformation des infrastructures.

La fin du XXe siècle voit la formation de la République Arménia. La première tentative de se débarrasser de l’état de réservation a conduit à ce que l’Azerbaïdjan intervienne (l’un des bénéficiaires de l’état de réservation existant) dans ce qu’on nomme guerre du Karabakh. Du point de vue de la géopolitique officielle, un tel Etat n’est pas viable.Les Arméniens ont créé encore un «autre phénomène du XXe siècle», un nouveau type de structure étatique – «Arménia – Artsakh – Diaspora».

Pendant le déroulement de la guerre une armée capable de combattre s’est formée et elle a gagné cette guerre en 1994. Plus tard, en avril 2016, au cours de la guerre des quatre jours, a vu l’émergence d’une nouvelle qualité – l’élite politico-guerrière arménienne  – qui n’a pas permis de retourner l’opinion publique contre sa cause. Cela constitue une valeur majeur dans l’histoire arménienne des  cinq cent ans écoulés.On ne peut reconstruire pierre par pierre une souveraineté nationale qu’à partir d’une armée nationale dotée d’une élite politico-militaire nationaliste.

Parallèlement à ces conquêtes, la fin du XXe siècle est lié à des processus politiques intolérables. Pour la première fois dans son histoire (sur le territoire de l’République d’Arménie) on a réussi, par le mensonge,  imposer une idéollogie  usurière, destructrice, contraire à l’essence de l’arménité – peuple créateur. Le pillage du pays, la création d’une oligarchie sont la marque de cette idéologie. Le caractère mensonger, néfaste et anti-patriotique de l’organisation oligarchique gouvernementale est devenu évident. Est également évidente , pour le développement du pays, l’importance primordiale  et sans incontestable du capital humain .  Cela se voit lorsqu’on se trouve face à une armée beaucoup plus conséquente, à des technologies pointues qui deviendront essentielles pour permettre le démontage du système oligarchique gouvernemental.

Le début du XXIe siècle voit se profiler de nouveaux défis et sur une grande échelle. Le plus dangereux d’entre eux est l’absence totale de dialogue à l’échelle universelle. Ces derniers trois cent ans, la tentative de paix avancée par le monde anglo-saxon d’inclure le Plateau Arménien et les territoires alentours à l’Atlantique n’a pas abouti. La situation n’a pas changé. Aujourd’hui il y a  lutte pour le contrôle mondial entre le producteur le plus puissant – la Chine – et le client puissamment argenté qu’est l’Europe. Cet important communicateur , comme il y a mille ans de cela,  englobe le Plateau Arménien et ses alentours.

Dans les prochaines décennies, la Chine et l’Asie du Sud-est seront des fournisseurs avec lesquels on comptera. L’Océan représente un axe commercial essentiel  contrôlé par le monde anglo-saxon. Ces voies commerciales peuvent être parcourues en une journée. De plus, assurée de bonnes voies de communication terrestres vers l’Europe, le volume de sa consommation suffit à assurer le développement de l’économie chinoise sans connaître de période de stagnation. C’est de cette manière que se définit l’importance de ce communicateur. L’Arménie et Artsakh se trouvent dans l’épicentre de ce communicateur, ce qui engendre une série de risques sérieux pour leur sécurité.

Pour que le peuple arménien survive et se développe, il est indispensable qu’il sorte de sa situation de réserve:

– L’avenir du peuple arménien dépend du règlement définitif et total de la Question Arménienne

– Le Plateau Arménien est reconnu en tant que territoire de la civilisation arménienne

– Le Plateau Arménien est reconnu en tant toit de tous les arméniens

– La perception arménienne du monde, fondée sur la création et étrangère aux principes usuriés est reconnue comme valeur première

– Le Plateau Arménien  est un territoire de paix et d’accord lesquels peuvent être garantis par une perspective stratégique dans le cadre d’un  concept de neutralité armée permanente

– Est reconnue la primauté de cette civilisation (arménienne) sur toutes les autres présentes sur le territoire du Plateau Arménien, de Transcaucasie et de toute l’Asie Mineure de même que l’essor de ces territoires en fonction de leurs capacités et de leurs atouts.

 

Lévon Beklaryan,

Député de l’Assemblée Natioale (Parlement) de l’Arménie Occidentale,

Docteur ès sciences physico-mathématiques, professeur, directeur des recherches scientifiques auprès de l’Institut de mathématiques économiques de l’Académie des Sciences d’ Russie

Erévan, le 19.09.2017

 

VIe Forum «Arménia – Diaspora» – 2017

IIIe division – Politique extérieure

Section 3.4 – Défis contemporains de politique extérieure et action collaborative Arménia-Diaspora

VI Forum «Arménie-Diaspora 2017». Vahan Babakhanyan: «Concernant sa politique extérieure, il est primordial pour l’Arménie de faire reconnaître qu’à l’heure actuelle les arméniens subissent un Génocide en Azerbaïdjan». Rapport

On a pu le constater sur de nombreuses années que la politique extérieure de l’Arménie est relativement expectative, défensive et  réactionnelle.

Il est nécessaire de transformer cette expectative toute en défense en une stratégie offensive. Le fondement de cette stratégie envers l’Azerbaïdjan  doit être évalué en permanence: en tant qu’entité fasciste, génocidaire, haineuse, menant une politique pro-terroriste. L’Azerbaïdjan est l’initiateur du terrorisme islamique international. De fait, il était et reste le premier «Etat islamique», prédécesseur de celui contre lequel se bat aujourd’hui le monde entier.

La reddition de nos positions commence par des concessions et le silence autour du fait de Génocide dont sont victimes  les Arméniens d’Azerbaïdjan.

Cela fait trente ans cette année que la première vague d’arméniens du village Tchardakhlü – Patrie de nos valeureux maréchaux et héros de la Grande Guerre Patriotique- a du quitter l’Azerbaïdjan. Quelques mois plus tard, c’est le tour des arméniens de Soumgaït. Malheureusement ces dates ne figurent ni dans notre calendrier ni dans notre politique extérieure. L’année se termine bientôt et pas un mot à ce sujet.

Il s’avère indispensable de ne pas minimiser ce fait et  le présenter  dans toute sa dimension comme un Génocide anti-arménien.. Ce n’est pas seulement Soumgaït, Bakou, Maraga – c’est l’apogée du Génocide. La politique génocidaire de l’Azerbaïddjan existait dès le premier jour et n’a pas connu de trève. Elle n’a fait que revêtir différents aspects.

Pour exemple, pendant les années de la Grande Guerre Patriotique une politique génocidaire secrète a été menée. Bakou envoyait au front beaucoup plus d’ arméniens (ainsi que des gens d’autres nationalités) que ses fils. Ainsi d’Artsakh sont partis pour le front chaque troisième. Parmi les türks, la proportion était de chaque dix-huitième et parmi la population azerbaïdjanaise un sur trente. Au cours de cette Guerre les pertes azerbaïdjanaises, comparées à celle des autres nations, sont les plus basses.

Quant aux soldats arméniens d’Artsakh, environ la moitié a péri. Artsakh bat  le record de toutes les régions de l’ex-URSS  pendant cette guerre (héros, généraux, médaillés, etc.). Aucune des douze républiques de l’ex-URSS n’a eu de maréchal alors que la petite Artsakh en a donné quelques uns. Le village légendaire de Tchardakhlü, en Artsakh,  est le plus significatif en records. Et nous taisons, après trente ans, la date anniversaire des évènements perpétués dans ce village. Voilà le résultat de notre politique extérieure alors que c’est elle  qui nourrit l’information. Qu’Artsakh a fourni un tribut record pendant la Grande Guerre Patriotique, presque personne des 150 millions d’individus de la Russie ne le sait. Et d’autant plus, n’ont pas idée de la politique génocidaire de Bakou menée pendant cette Grande Guerre.

Combien de temps encore allons-nous, face à cet ennemi-fasciste, montrer une inaction indifférente et une information expéditive? En exemple, n’est-il pas honteux que le Jour du Souvenir des victimes des attentats en Azerbaïdjan ait été  décrété en Arménie seulement dix-sept ans!!!  plus tard et après l’Hécatombe de Soumgaït….Bien que des dizaines de personnalités aient écrit sur le sujet sur des dizaines d’années, on se taisait. Seuls les journaux en parlaient. Il est indispensable d’avoir une appréciation juridique, or, il n’y en a pas. Les fréquentes adresses au Parlement d’Arménie concernant la demande de reconnaissance du fait de Génocide contre les arméniens d’Azerbaïdjan sont restées sans réponse.

Justement, à cause de cette politique menée par les autorités gouvernementales d’Arménie, l’éveil de la conscience de la société d’Arménie concernant le Génocide des arméniens de Turquie s’est produit seulement 50 ans après le pic de ce Génocide.

Le Génocide perpétré à l’encontre des arméniens dans les deux pays turcs – Azerbaïdjan et lTurquie – relève de la même et unique intention. Sa négation et le silence concernant le Génocide des arméniens d’Azerbaïdjan sont les complices de la continuité politique génocidaire de notre ennemi.

Nous invitons à soutenir l’initiative du collectif de l’Adresse du 18.01.2017 et former des groupes de travail sur les sujets suivants:

– Étude approfondie   de la question

– Convocation d’une conférence spéciale dédiée

– Avancement du travail sur le projet d’une loi adéquate.

Reconnaître qu’en Azerbaïdjan un Génocide a été perpétré contre les arméniens constitue une transition d’une importance extrême pour la nouvelle ligne de politique étrangère de l’Arménie.

 

Vahan Babakhanyan,

Député de l’Assemblée Natioale (Parlement) de l’Arménie Occidentale

Erévan,

18.09.2017

 

VIe Forum “Arménie-Diaspora” – 2017

III partie – Politique extérieure

Section 3.2 – Reconnaissance du Génocide des arméniens, prévention des genocides: processus politiques et juridiques.

VI Forum «Arménie-Diaspora 2017». Edouard Polatov (Polatidis): «Repeupler, reconstruire Talysh et les territoires frontaliers». Rapport

Etudier les migrations de la population d’Arménie et d’Artsakh renvoie d’une manière directe au problème de sécurité nationale. A l’heure actuelle, et on ne peut plus l’ignorer, la situation géopolitique internationale devient de plus en plus tendue. Il n’est pas exclu que les arméniens vivant  dans un certain nombre de pays soient soumis à pression par les populations autochtones, pression qui peut aller jusqu’au nationalisme religieux et à l’extrêmisme. Dans le contexte donné, ces migrations  s’avèrent être le problème majeur et actuel de toute la communauté arménienne. Il importe donc de la considérer  comme l’objectif principal sur lequel toute notre attention doit se focaliser tant au niveau des organes d’Etat  de l’Arménie, de l’Artsakh, du Spiurk, des personnalités, des organisations.Tous doivent absolument contribuer à la réalisation des programmes pour la défense et la sécurisation de nos frontières.

Dans le même temps, il faut prendre en considération les possibilités limitées gouvernementales et démographiques en  République d’Arménie et en Artsakh. Nous sommes profondément convaincus que seul l’engagement total, multidirectionnel de la diaspora arménienne, riche de plusieurs millions d’individus,  et de pays amis permettra de résoudre  ce problème humain si important par l’instauration d’une stratégie démographique fructueuse pour l’Arménie et l’Artsakh. Les experts étrangers estiment que la résistance psychique des populations  des zones en danger est liée à leur densité locale.

Si cette densité reste stable, on ressent qu’on est soutenu, ce qui engendre de l’assurance quant au futur de la région.  Dans le cas contraire, vont prévaloir des processus migratoires avec une fuite massive et incontrôlable (soyons francs: fuite panique) de la population craignant  que la situation ne se détériore plus. L’intensif  et massif exode qu’il nous est donné d’observer aujourd’hui dans les régions frontalières en est la preuve. Il faut absolument le signaler en permanence , sonner le tocsin car c’est un problème éminament préoccupant! Vers où émigre la population dont le manque se  ressent pour la sauvegarde et la défense des frontières? Malheureusement nous connaissons la réponse.

Les multiples provocations de la part de l’Azerbaïdjan aux frontières avec l’Arménie , l’agression de l’armée azerbaïdjannnaise appuyée par son allié la Turquie  qui a abouti à une guerre de quatre jours au Karabakh, en avril 2016, ont clairement démontré que l’Arménie et le Karabakh sont des Etats en état de guerre. Cela impose de reconsidérer intégralement notre idéologie nationale, l’organisation économique du pays,  et avant tout, bien évidemment, dans les régions frontalières. C’est pourquoi nous pensons  adéquat d’installer dans les régions frontalières des postes spéciaux,  tenus  en premier lieu par des vétérans expérimentés qui ont combattu vaillamment pendant les années 90 et sur le modèle des postes militarisés en Israël ou dans la Russie de la première moitié du XIXe siècle .

Toutefois l’organisation présentée ci-dessus ne sera possible que si la politique cadre du pays sera supervisée par des organes soucieux de la sécurité nationale. Cette problématique est en réalité supra-nationale. Le sauvetage et la renaissance de la Patrie-Arménie (et ce ne sont pas des mots creux)  dépend de chaque arménien où qu’il se trouve dans le monde et dont le devoir est de participer.

Aujourd’hui notre pays se trouve dans une situation compliquée, et on peut le dire, difficile géopolitiquement et socio-économiquement. Elle  déteint immanquablement sur les vétérans, les militaires retraités, les familles  des soldats morts à la guerre et des soldats blessés de guerre. On manque cruellement de postes de travail, les pensions et aides versées par l’Etat ne suffisent pas à maintenir leur équilibre psychologique ni à leur permettre un retour normal à la vie civile. Les hommes blessés par la guerre peuvent et veulent encore servir. Si au niveau gouvernemental  on ne peut, pour l’instant, résoudre ce problème, il faut d’une manière ou d’une autre réguler cette question au moyen de mécanismes alternatifs pour au moins accomplir notre devoir moral auprès des familles des soldats  tombés en héros. Notre travail aux frontières exige de l’expérience, du sang-froid et, quand il le faut, du courage ordinaire que l’on trouve plutôt chez les vétérans que chez les «bleus».

De plus les vétérans sont capables, en cas de besoin,  de livrer un véritable combat, de tenir des positions en attendant l’arrivée des détachements militaires. Cela permettrait d’assurer une plus grande stabilité aux frontières ainsi que l’ indispensable renforcement  de main-d’oeuvre  militaire. Un facteur qui a toute son importance: nous contribuerons ainsi à rassurer les familles des nouveaux appelés en les encadrant de militaires aguerris. A l’heure actuelle, de nombreux villages sont pratiquement vidés, les terres ne sont pas cultivées – les vétérans de la guerre de libération d’Artsakh auraient pu y organiser des colonies, cultiver les terres si on leur en donnait les moyens et, dans le même temps, assurer la défense des frontières contre les incursions de l’ennemi.

A notre avis, une première colonie peut effectivement être installée sur le territoire du village de Talysh. Ressentant une réelle protection, les villageois pourront revenir et avec l’armée de réserve ,  la milice populaire, des membres de la diaspora, en plus de leur tâche de sécurisation des frontières

travailleraient la terre et tous les produits qui en découlent. De cette manière, non seulement nous aurons une défense fiable aux frontières mais, en cas de guerre, avant la déclaration de mobilisation générale, nous pourrons compléter de manière opérationnelle les rangs  de l’armée régulière. Je ne propose rien de nouveau, tout ce qui vient d’être dit a déjà été initié par moi et mis en pratique lors de mon engagement spontané en 1993-1995.

Bien entendu la réalisation de ce programme aurait été impossible sans la participation spontanée de l’Etat, des institutions, des associations du pays et de la diaspora au moment où j’étais responsable-adjoint de la Direction de l’émigration et des relations extérieures auprès du gouvernement concernant les questions d’émigration et  des réfugiés. Il a été organisé, depuis l’Arménie et d’autres pays de la CEI,  le retour vers le Nagorny Karabakh de plus de 42 000 citoyens d’Artsakh qui avaient momentanément quitté leurs foyers à cause des combats.

Les territoirs libérés n’avaient  pas encore reçus de statut officiel mais nous avions commencé à repeupler ces territoirs libérés, essentiellement avec des réfugiés d’Azerbaïdjan, de Chaoumaian, Guetashen, Maragui, Tchaïlou et d’autres points de peuplement en Artsakh occupés par l’agresseur. Malheureusement ces territoires et d’autres  formant notre Patrie restent pour l’instant occupés à cause de l’accord signé avec l’Azerbaïdjan sur le cessez-le-feu. Je ferai remarquer  que c’est justement le village de Talysh, libéré le 14 avril 1994, qui a été le dernier  point de peuplement d’Artsakh a être libéré. A la suite de quoi cet accord a été signé et observé jusqu’au 2 avril 2016.

Et enfin, l’essentiel! En accord avec les autorités de l’Artsakh et en particulier le président Bako Sahakyan, du secrétaire du Conseil de sécurité d’Artsakh V. Balassanyan nous avons déjà entamé le  processus organisationnel de stimulation du retour des populations dans les régions frontalières et nous espérons que la Diaspora , comme elle l’a prouvé à maintes reprises, pourra et sera autorisée à participer au renforcement des moyens de défense et à la sécurité de notre Patrie historique. Chers compatriotes, ce processus est irréversible et nous appelons les arméniens de la Diaspora à s’intégrer au peuple d’Arménie et d’Artsakh et faire tout le possible au nom de la sécurité de nos pays et du renforcement de leurs frontières.

Nous sommes persuadés que seule une Patrie forte est soutenue par une Diaspora forte.

Edouard Polatov (Polatidis),

Député de l’Assemblée Natioale (Parlement) de l’Arménie Occidentale,,

Président de l’organisation patriotique «Talysh – les villages frontaliers»

Erévan, 18.09.2017

 

Vie Forum «Arménie-Diaspora» – 2017

II Section – Les particularités de la politique de défense de République d’Arménie dans les conditions de conflits.

Rubrique 2-3 – Développement stable et défense  effective des zones de peuplement frontalier.

 

VI Forum «Arménie-Diaspora 2017». Saïda Oganyan: «Problématique concernant le retour à leurs sources arméniennes, à leur appartenance nationale et au renforcement de leur conscience nationale de la jeunesse hamshen». Rapport

Le thème concernant le retour à leurs sources arméniennes, à leur appartenance nationale et au renforcement de leur conscience nationale de la jeunesse amshen est compliqué et profond autant que la problématique des arméniens pratiquant d’autres religions tels les crypto-arméniens,  arméniens islamisés, phénomène apparu dès  le début du XIXe siècle, concommitant aux pages tragiques de l’histoire de notre peuple et voulu par les gouvernements successifs osmanien, Jeunes Turcs et kémaliste jusqu’à l’anéantissement  physique et spirituel total des arméniens.

Le secret caché de ses racines arméniennes, pour la troisième ou quatrième génération post-génocide, peut ressurgir avec force sous un jour nouveau. D’après les interview non officielles menées en Arménie Occidentale, un individu sur trois  reconnait avoir une grand-mère arménienne. Cette réalité, cachée jusqu’il n’y a pas longtemps, démontre clairement que la nouvelle génération tente de retrouver son identité arménienne.

Tout en dissimulant leur identité, les crypto-arméniens ont continué non seulement à pratiquer certaines coutumes nationales et religieuses mais encore à rechercher pour se marier des personnes comme eux et, en outre,  sans attacher d’importance aux différences d’âge, de classe sociale et autres différences. Ils ont perpétué cette tradition également en Europe où ont émigré leurs nombreuses familles.

Il est de notoriété que l’Etat turc enregistrait les arméniens islamisés d’une certaine façon,  de manière à rendre plus facile leur véritable identification. Dès le début du XIXe siècle, dans les registres figuraient chaque village et son clan arménien, islamisés de force et qui avaient réchappé au génocide.

Hurrye Chahine, écrivain et chercheur, dans son livre «Comment la politique d’assimilation liquide les langues: histoire des arméniens et arméniennes Amshen» écrit ceci: «Il existe dans le monde d’autres sociétés qui se sont unies autour de la langue et non de la religion. Il ne faut pas mélanger religion et origine ethnique. L’affirmation «un arménien ne doit pas être musulman» n’est pas exacte et ne se réfère pas à une approche scientifique. Nous devons surmonter cette attitude. Il est indispensable que les arméniens placent au premier plan non pas la religion mais l’authenticité originelle et la langue».

La résolution de la Question Arménienne ne se résume pas aux territoires perdus, aux millions de massacrés et chassés pendant la période du génocide. L’islamisation forcée des arméniens aux XIXe-XXe siècles procède également d’un génocide.

Mais pas tous les arméniens islamisés de Turquie ont perdu leur identité. Ils ont continué à prier en arménien et ont  conservé le lien et l’héritage générationnel.

Bien que restés sur leur sol ancestral et dans leur majorité contraints de changer de religion, les arméniens ont su préserver un mode de vie caché: ils ont conservé leur identité nationale – se cramponnant à ce fin fil d’Ariane qui tôt ou tard les sortira des ténèbres du Centaure.

Ainsi, en s’appuyant sur les éléments que nous possédons, on peut conclure que l’assimilation des arméniens d’Arménie Occidentale, en Amshen, non seulement n’a pas abouti et on observe une véritable tendance au retour aux racines.. C’est la raison pour laquelle il est indispensable de recourir à toutes les possibilités qui permettront d’aider nos frères et soeurs amshen en ce sens.

Il s’agit d’un travail auprès des structures officielles de l’ONU, des instituts de diplomatie populaire (contact personnel direct entre arméniens amshen d’Abkhasie, de Sotchi, d’Arménie Occidentale, d’Amshen, intérêt profond des gens pour leur passé), par la presse, l’internet, par la création de foyers culturels et d’éducation arméniens et par le biais des SMI.

Malheureusement  en Abkhasie, Russie, République d’Arménie, Turquie, Arménie Occidentale – en Amshen – les SMI amshen (la presse écrite ou bien électronique) existent peu, surtout en arménien – ainsi  la population amshen est sous-informée de ses propres problèmes et des défis à relever.

Comme exception on peut nommer le mensuel «La voix amshanakan», la série radiodiffusée «Les fables amshen» (rédacteur et auteur Serge Vardanyan, Erévan) et la revue «Amshen» (rédacteur Mikhaïl Kouzoub, Krasnodar).

Remédier à cette situation doit devenir un objectif primordial à l’ordre du jour des arméniens amshen.

Nombreux sont ceux qui, tout au long de l’histoire de l’humanité, se sont occupés à falsifier l’histoire mais la tête  criminelle turque s’y est surpassée.Cela ne signifie pas qu’elle ait réussi à gommer la mémoire – la mémoire des descendants des génocidés.

Grâce à Dieu des descendants directs de génocidés sont encore en vie et prêts à authentifier ces faits.

Nous travaillons d’après des documents, des témoignages qui doivent instruire les juges et tribunaux internationaux, qui, de manière définitive et irréfutable, permettront de condamner ce crime abyssal contre l’humanité et rétabliront dans ses droits bafoués notre peuple.

Ce qu’ont fait les turcs – anéantissement programmé des arméniens – à partir de la deuxième moitié du XIXe siècle jusqu’en 1923 – s’apparente au mal absolu. Ils doivent être contraints à une punition méritée pour avoir privé tout un peuple de sa Patrie et sur les ossements de nos ancêtres ils se gavent de l’héritage  kémaliste.

Le jour de la résolution définitive de la Question Arménienne n’est pas si lointain avec la réalité d’une République indépendante arménienne en Arménie Occidentale  Cilicie incluse.

Ce fait peut constituer le fondement du retour de la jeunesse amshen vers ses racines arméniennes, son identité et sa conscience nationale.

Saïda Oganyan,

Député de l’Assemblée Natioale (Parlement) de l’Arménie Occidentale,

Responsable du mouvement féminin international «Hamshenian» pour le rassemblement  des arméniens Hamshen.

Erévan,

19.09.2017

 

Conférence pour le VI-e Forum «Arménie-Diaspora 2017»

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Photo – Valery Unanyants

VI Forum «Arménie-Diaspora 2017». Julie Guloyan: «De la nécessité de conserver des relations culturelles avec nos compatriotes du Proche Orient et d’Arménie Occidentale». Rapport

Le sujet de mon exposé d’aujourd’hui concerne la culture,  thème qui m’est si familier. Un jour, quelqu’un m’a dit que la culture c’est  «une cerise sur le gateau». Je ne suis pas d’accord avec cette comparaison. La culture n’est pas un ornement, elle est la racine de notre existence!

Nous vous proposons d’examiner quelques projets. Ils sont prêts pour exploitation.

Le premier: «Les jeunes d’Arménie Occidentale». Il faut leur donner la possibilité d’étudier et si le temps presse, il faut organiser des cours intensifs courts concernant  l’histoire et la culture de l’Arménie dans son ensemble.

Le second projet – c’est une école d’art par Internet à l’attention des enfants arméniens d’Arménie occidentale et du monde entier. Il est déjà au point.

De cette manière nous voulons non seulement éduquer, élever le niveau spirituel, l’intellect, l’intérêt pour nos racines mais également détecter des talents, leur permettre de s’épanouir et fournir à nos enseignants locaux – artisans d’art – des postes de travail.

Nous avons encore parmi nous des professionnels, maîtres de leur art; il faut en profiter car ils sont irremplaçables!

Et aujourd’hui, voici le dernier projet que nous voulons vous soumettre : le théâtre national d’amateur.

Oui, le théâtre! Il faut en ouvrir partout où vivent les arméniens. Nous sommes rapidement assimilés, notre jeunesse s’éloigne petit à petit de notre langue et donc de toute leur arménité. Il ne faut pas l’acccepter. Tout ce qui a été perdu doit être retrouvé et ce retour ne se fera pas à travers la musique, la peinture, l’architecture ou le tissage de tapis mais par le théâtre. Le théâtre va permettre de parler dans la langue natale, penser, ressentir, transposer de la scène vers la vie de tous les jours les traditions arméniennes et sa culture.

Nous avions déjà proposé d’ouvrir de petits théâtres d’amateur en Arménie Occidentale; de jeunes spécialistes étaient prêts à partir là-bas pour débuter cette mission compliquée.

Il y a d’autres possibilités dont la réalisation prendra, il est vrai, plus de temps et sera plus complexe mais la détermination  et les mesures adéquates permettront d’y parvenir. Si ce sujet intéresse l’un d’entre vous, nous pourrons en discuter plus tard.

En conclusion de mon exposé, je voudrai vous informer qu’une soirée de bienfaisance et une vente aux enchères auront lieu le 20 septembre au club «MEZZO» Classic House Club» de Erevan. J’en suis l’organisatrice en qualité de responsable de la Commission pour la Culture de l’Assemblée Nationale (Parlement) de ‘Arménie Occidentale – dans le cadre du Programme du Ministère de la Diaspora d’Arménie «Qu’as-tu fais pour l’Artsakh».

Ayant adhéré à ce Programme, nous sommes passés à la réalisation concrète du projet «Talysh – les villages frontaliers», initié par Edouard Polatov,  Président de la communauté grecque d’Arménie et d’Artsakh «Patrida», et également député du Parlement d’Arménie Occidentale.

Pour continuer et développer ce Programme, nous allons organiser sur tout le territoire de la Russie des séances de premières du film documentaire du régisseur Arsène Akopyan «La guerre des quatre jours. Sur ce qu’on tait …». Les recettes de toutes ces séances à but de bienfaisance seront consacrées à ce Programme patriotique.

Je vous convie, Amis, à rejoindre cette action de bienfaisance – venez le 20, à 20h45 à notre concert et sa vente aux enchères à but de bienfaisance. Je vous invite également à organiser des projections de première dans vos pays respectifs. Le film existe en versions russe et anglaise.

Julie Guloyan,

Député de l’Assemblée Natioale (Parlement) de l’Arménie Occidentale,

spécialiste en art

Erévan,

18.09.2017

 

VIe Forum «Arménie-Diaspora» – 2017

4.2 section – Questions fondamentales pour la conservation de l’arménité.

VIDEO. RA Le ministre de la Diaspora Hranush Hakobyan sur les résultats du 6ème Forum pan-arménien “Arménie-Diaspora 2017”

VIDÉO: VI Forum «Arménie-Diaspora 2017»

6ème session. Les députés du Parlement de l’Arménie Occidentale (16.09.2017)

Liste des députés de l’Assemblée nationale (Parlement) de l’Arménie Occidentale (6ème session, 16.09.2017)

       Surname   Name

  • Aprahamian Vrej
  • Aramyan Hrayr
  • Atakyan Vladimir
  • Avetisyan Perch
  • Avetisyan Kamo
  • Avtandilyan Vanya
  • Babakhanyan Vahan
  • Babayan Tigran
  • Babayan Hasmik
  • Balaian David
  • Bangoyan  Armen
  • Bassam Tahhan
  • Beglaryan Levon
  • Chityan Azniv
  • Dalbas Sevan
  • Demir Murad
  • Gareginyan Ashot
  • Gazarosyan Jean
  • Grigoryan Diana
  • Grigoryan Ernest
  • Gyuloyan Yuliya
  • Hambardzumyan Hrachya
  • Harmandayan Armenag
  • Harutyunyan Hayk
  • Harutyunyan Tigran
  • Hovhannisyan Armen
  • Kalamkeryan Vardan
  • Karagozyan Karapet
  • Kazandjian Ashod
  • Kerselyan Suren
  • Khachatrya Yeghishe
  • Khachatryan Anna
  • Khinoev David
  • Khosroev Razmik
  • Melikdzhanyan Arsen
  • Melikyan Artashes
  • Melkumyan Sergey
  • Mheryan Samvel
  • Muradyan Valera
  • Nahatakyan Anahit
  • Nazarian Beatrice
  • Nikogosyan Alvard
  • Ohanyan Saida
  • Polatov Edward
  • Prazyan Karen
  • Sagertyants Vagarshak
  • Sananyan Vardan
  • Saryan Ashot
  • Sedrakyan Vardan
  • Shakhnazarian Anushavan
  • Shirinyan Hrachya
  • Ter-Martirosyan Aram
  • Ter-Ovannesov Konstantin
  • Ter-Ovannesova Karine
  • Ter-Sarkisyan Armen
  • Tonoyan Armen
  • Trapizonyan Galust
  • Urushanov Mikhail
  • Vardanyan Karen

 

Liste des députés de l’Assemblée nationale (Parlement) de l’Arménie Occidentale

 

Nourdjan BAÏSSAL: «Respect des os»

Dans les SMI de la semaine dernière on a pu lire que les responsables de la municipalité d’Edremit (arm. Artamet – transcription supposée) de la région de Van ont fait construire une plage publique avec vestiaire et WC sur l’emplacement  historique du cimetière arménien. Les ossements ont été dispersés à travers tout le cimetière. A ce sujet la municipalité s’est expliquée sur son compte Twitter :

« L’information donnée par l’agence Didjlé concernant la destruction d’un cimetière arménien et l’édification à sa place d’une plage publique etc.. est totalement fausse ; dans cette région il n’y a pas de cimetière arménien ».

Le responsable administratif fera tout pour occulter sa honte. Malheureusement, du haut de mes quarante ans, j’ai été témoin de tels actes et cela ne m’étonne plus. Il s’agit seulement d’un nouvel acte honteux commis à l’encontre du peuple arménien dont j’ai pris connaissance pendant les débats et ai lu les commentaires suivants :

En voici quelques uns :

«  arméniens traîtres et sales porcs, ne jouez pas avec la patience du peuple turc sinon vous ne trouverez plus aucune pierre tombale »

« Ce ne sont pas des arméniens qui y sont enterrés mais des terroristes ordinaires »

« Si quelqu’un a commis cet acte, ce sont bien les arméniens »

« Au cimetière il n’y avait pas de WC. Donc c’est un service rendu à nos citoyens arméniens… »

Faut-il s’étonner des paroles d’un tel « individu » ? On a construit un wc sur des tombes d’arméniens qui sont pourtant citoyens de votre gouvernement et de plus il menace : « sales porcs d’arméniens, vous ne trouverez plus aucune pierre tombale » écrit-il. Et il faut de plus considérer ces wc comme un cadeau rendu aux arméniens…. La haine, la haine, rien que de la haine !

Après ce tweet, nous apprenons que cette plage publique est fermée, que des camions et des excavateurs ont commencé les travaux, que le chef religieux protestant de Van, Vakhit Yildyz , n’a pu y pénétrer. Yildyz a déclaré que des ossements ont été repérés dans les tas de terre retournée : « Dans des lieux comme les églises, cimetières ou sanctuaires il n’est pas bon de construire des toilettes, des douches ; c’est contraire à l’éthique » a-t-il souligné. Si la pareille avait été faite dans un cimetière musulman, il est plus que probable qu’une mobilisation ait lieu.

Il y a eu tant de violences sur cette terre. Les arméniens, les assyriens, les chaldéens, ces peuples ont été anéanti sur cette terre. Nos grands-pères aussi ont participé  à ces massacre et  génocides. Depuis de longues années je vis avec cette honte. Je ne veux plus partager cette honte à cause de ce qui s’est passé dans ce pays. Je ne me considère pas comme une composante de cette société. Je ressens une colère terrible envers ceux qui ont accompli ces actes. Je veux lutter contre ceux qui accomplissent ces actes barbares, ces pogroms, ces crimes. Je veux que cela ne se reproduise plus.

Ma grand-mère Aïcha, décédée à l’âge de 104 ans, me racontait comment on avait tué leurs voisins arméniens. A coup de pelle, de hache, à coups de feu ; on les jetait du haut de la falaise de notre village et elle les a pleurés jusqu’à sa mort. Ma grand-mère me racontait encore que les os savent également parler. Ma grand-mère disait qu’elle en avait entendus parlé. Ils priaient qu’on s’occupe d’eux et qu’au moins, quelquefois, on vienne leur rendre visite.

Dans ce pays on ne respecte pas les vestiges d’ossement. Ici on tue, on affame, on laisse sans travail, on jette dans les prisons. Mais maintenant nous savons en plus, qu’ici, on est capable de construire des wc sur les tombes !

Mais les ossements parlent…

Nourdjan BAÏSSAL

Militante, écrivain d’Amid

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Stanislav Tarassov: «L’organisation du référendum concernant l’indépendance du Kurdistan irakien est incertaine»

A la veille du référendum concernant l’indépendance du Kurdistan irakien prévu le 25 septembre, la capitale de cette région non encore indépendante est devenue « la Mecque politique » du Proche Orient. De nombreuses délégations étrangères  se rendent à Erbil pour discuter avec les dirigeants locaux des perspectives du développement  de la situation non seulement en Irak mais dans toute la région. Effectivement, la situation évolue rapidement et de manière très significative  au point de presque faire oublier la lutte contre DAECH (organisation dont l’activité est interdite en Fédération de Russie). Donc le facteur de désagrégation – après celle de la Lybie – d’un autre Etat arabe conduira fatalement à la formation de nouveaux centres de force qui ne seront certainement pas capables de collaborer dans le futur.

De plus n’oublions pas que pratiquement tous les Etats du Proche Orient ont été créé, arbitrairement, à l’époque coloniale. C’est la raison pour laquelle l’apparition d’un Kurdistan indépendant peut avoir un effet domino et faire crouler toute la construction géopolitique actuelle. Personne ne conteste plus cela, les questions concernent les détails. Parmi les Etats où vivent les Kurdes – la Turquie, l’Iran, la Syrie – seuls les kurdes d’Irak jouissent d’une réelle autonomie avec les pleins attributs  gouvernementaux. Là, ils peuvent réaliser leur but historique fondamental qui tôt ou tard imposera le projet de « Grand Kurdistan ».

Il ne faut pas non plus exclure le fait que les Kurdes de Syrie réussissent à obtenir leur autonomie. A la suite de l’Irak , le mouvement  conduira à stimuler  des changements dans le statut des kurdes de Turquie et d’Iran. Ainsi se conclura une chaîne d’évènements, étonnante et paradoxale, commencés en 2011 avec « le printemps arabe », le renforcement de l’islam radical, l’apparition de DAECH (organisation dont l’activité est interdite en Féd de Russie), le projet d’institution d’un  khalifat,  l’émergence potentielle sur la scène politique d’un projet de Kurdistan en Turquie, Syrie, Iran, doté de structures étatiques kurdes. C’est-à-dire que, si à l’heure actuelle nous avons affaire à quelques Etats turks : Turquie, le Nord de Chypre, Azerbaïdjan et quelques Etats d’Asie centrale,  dans le futur peuvent émerger quelques pays kurdes.

Et il sera même possible de voir deux Arménies, l’une en Transcaucasie et l’autre au Proche Orient. Ce n’est pas pour rien qu’ Ilham Aliev, président de l’Azerbaïdjan, déclare qu’ « il ne tolérera pas l’apparition d’un deuxième Etat arménien dans la région » et Regep Taip Erdogan, président de la Turquie, dit qu’ « il n’admettra pas la formation en Syrie d’un Etat kurde de plus ». Aliev, se référant une fois de plus à des sources non nommées, a souligné que « on l’enjoint à reconnaître l’indépendance  du Nagorno-Karabakh » puis Erdogan , au cours de ses prises de paroles,  a évoqué « la dislocation du pays ».

Ankara qui a besoin du soutien de ses alliés de l’OTAN et, se trouvant sous la pression du Parti des travailleurs kurdes (PKK), du parti « Union démocratique » (PYD) et de DAECH (organisation dont l’activité est interdite en F. de R), se retrouve devant le fait que certains membres de l’OTAN, directement ou indirectement, soutiennent ces mouvements comme le constate le journal Cumhuriyet. Se référant à de nombreux experts turcs bien informés, il pronostique que « la région que nous nommons Proche Orient a, de fait, fait émerger un Etat kurde indépendant » et qu’il faut  réétudier   le Traité de Sèvres de 1920 qui stipulait  la création d’un Grand Etat d’Arménie et « admettait seulement la formation d’un Etat kurde, indépendant de la Turquie ».

En outre, Cumhuryiet estime que « Ankara, à plus ou moins brève échéance, n’aura d’autre alternative que de reconnaître  un Kurdistan indépendant , de consentir à une résolution de la question arménienne » et l’Azerbaïdjan « aller vers la reconnaissance de l’indépendance du Nagorno-Karabakh ». Le drame dans la situation de la Turquie et de l’Azerbaïdjan réside dans le fait que les menaces envers leurs gouvernements ne viennent pas du nord, pas de la Russie mais du sud auprès duquel ils ont par tradition cherché des alliés. Pour l’instant tous les regards sont concentrés sur Erbil, sur sa capacité ou non de réaliser son plan d’autodétermination.

Font pression sur lui pour le report du référendum à mars prochain les Etats-Unis, « après avoir défait DAECH (organisation dont l’activité est interdite enRussie) »  ainsi que Bagdad qui ne souhaite pas de divorce, la Turquie qui est à deux doigts de conclure une alliance politico-militaire avec l’Iran contre le mouvement kurde et quelques Etats arabes de la région. Cela oblige les kurdes à manœuvrer.

Ainsi, le proche conseiller de Massoud Barzani, président du Kurdistan, a annoncé que « ce plan ne peut être modifié que si on  donne  aux kurdes de solides garanties internationales sur  une date concrète  pour l’ organisation du vote concernant son indépendance ». En accord avec cette déclaration « Bagdad, Téhéran, Ankara et Washington doivent être les partenaires de cette transaction qui doit également inclure que les parties signataires accepteront les résultats du référendum.

On le voit : Moscou ne figure pas dans la liste bien que d’après les résultats des consultations qui se sont déroulées à Moscou entre le  vice ministre des Affaires Etrangères et représentant particulier du président russe aux affaires du Proche Orient et des Pays africains   Mikhail Bogdanov et son homologue de la République turque Sedate Onal « la Russie et la Turquie ont confirmé vouloir conserver l’unité, la souveraineté et l’intégralité territoriale de l’Irak. Est soulignée l’importance de résoudre les problèmes internes par les irakiens eux-même dans le cadre d’un dialogue  respectueux des intérêts de toutes les composantes  ethno-confessionelles de la société irakienne ».

Encore quelques nuances importantes. Mevlut Tavutoglü, responsable du Ministère des Affaires Etrangères de Turquie, allé récemment à Erbil, dans une conversation avec Barzani a annoncé que « Ankara considérait que le choix de la date pour les élections concernant l’indépendance du Kurdistan ne convenait pas ». Devlet Bahceli,  leader du parti turc d’opposition , Parti du mouvement national (PND) a vu là un soutien masqué d’Ankara « pour la préparation par Barzani d’un référendum y inclus dans certaines villes turkmènes d’Irak »,  ce qui à son avis « s’avère, en son genre, une répétition pour la création d’un Kurdistan».

Dans le même temps, de nombreux experts turcs estiment que « même si une majorité de participants au référendum voteront pour, cela ne signifiera pas que les kurdes proclameront  la création d’un Etat propre ». Ils pensent que Erbil compte « recevoir appui  dans les pourparlers pour son autodétermination vis-à-vis de Bagdad de manière à y diminuer l’influence de l’Iran », ce en quoi est objectivement  intéressée Ankara. Pour l’instant le chef de l’autonomie kurde reçoit de nombreux diplomates étrangers, explique son point de vue, essaie de s’assurer un appui de l’étranger. En un mot il s’agit d’un grand jeu aux combinaisons multiples qui continue et s’approche d’une résolution intermédiaire.

26 août 2017,

Précisions sur: Regnum