VI Forum «Arménie-Diaspora 2017». Edouard Polatov (Polatidis): «Repeupler, reconstruire Talysh et les territoires frontaliers». Rapport

Etudier les migrations de la population d’Arménie et d’Artsakh renvoie d’une manière directe au problème de sécurité nationale. A l’heure actuelle, et on ne peut plus l’ignorer, la situation géopolitique internationale devient de plus en plus tendue. Il n’est pas exclu que les arméniens vivant  dans un certain nombre de pays soient soumis à pression par les populations autochtones, pression qui peut aller jusqu’au nationalisme religieux et à l’extrêmisme. Dans le contexte donné, ces migrations  s’avèrent être le problème majeur et actuel de toute la communauté arménienne. Il importe donc de la considérer  comme l’objectif principal sur lequel toute notre attention doit se focaliser tant au niveau des organes d’Etat  de l’Arménie, de l’Artsakh, du Spiurk, des personnalités, des organisations.Tous doivent absolument contribuer à la réalisation des programmes pour la défense et la sécurisation de nos frontières.

Dans le même temps, il faut prendre en considération les possibilités limitées gouvernementales et démographiques en  République d’Arménie et en Artsakh. Nous sommes profondément convaincus que seul l’engagement total, multidirectionnel de la diaspora arménienne, riche de plusieurs millions d’individus,  et de pays amis permettra de résoudre  ce problème humain si important par l’instauration d’une stratégie démographique fructueuse pour l’Arménie et l’Artsakh. Les experts étrangers estiment que la résistance psychique des populations  des zones en danger est liée à leur densité locale.

Si cette densité reste stable, on ressent qu’on est soutenu, ce qui engendre de l’assurance quant au futur de la région.  Dans le cas contraire, vont prévaloir des processus migratoires avec une fuite massive et incontrôlable (soyons francs: fuite panique) de la population craignant  que la situation ne se détériore plus. L’intensif  et massif exode qu’il nous est donné d’observer aujourd’hui dans les régions frontalières en est la preuve. Il faut absolument le signaler en permanence , sonner le tocsin car c’est un problème éminament préoccupant! Vers où émigre la population dont le manque se  ressent pour la sauvegarde et la défense des frontières? Malheureusement nous connaissons la réponse.

Les multiples provocations de la part de l’Azerbaïdjan aux frontières avec l’Arménie , l’agression de l’armée azerbaïdjannnaise appuyée par son allié la Turquie  qui a abouti à une guerre de quatre jours au Karabakh, en avril 2016, ont clairement démontré que l’Arménie et le Karabakh sont des Etats en état de guerre. Cela impose de reconsidérer intégralement notre idéologie nationale, l’organisation économique du pays,  et avant tout, bien évidemment, dans les régions frontalières. C’est pourquoi nous pensons  adéquat d’installer dans les régions frontalières des postes spéciaux,  tenus  en premier lieu par des vétérans expérimentés qui ont combattu vaillamment pendant les années 90 et sur le modèle des postes militarisés en Israël ou dans la Russie de la première moitié du XIXe siècle .

Toutefois l’organisation présentée ci-dessus ne sera possible que si la politique cadre du pays sera supervisée par des organes soucieux de la sécurité nationale. Cette problématique est en réalité supra-nationale. Le sauvetage et la renaissance de la Patrie-Arménie (et ce ne sont pas des mots creux)  dépend de chaque arménien où qu’il se trouve dans le monde et dont le devoir est de participer.

Aujourd’hui notre pays se trouve dans une situation compliquée, et on peut le dire, difficile géopolitiquement et socio-économiquement. Elle  déteint immanquablement sur les vétérans, les militaires retraités, les familles  des soldats morts à la guerre et des soldats blessés de guerre. On manque cruellement de postes de travail, les pensions et aides versées par l’Etat ne suffisent pas à maintenir leur équilibre psychologique ni à leur permettre un retour normal à la vie civile. Les hommes blessés par la guerre peuvent et veulent encore servir. Si au niveau gouvernemental  on ne peut, pour l’instant, résoudre ce problème, il faut d’une manière ou d’une autre réguler cette question au moyen de mécanismes alternatifs pour au moins accomplir notre devoir moral auprès des familles des soldats  tombés en héros. Notre travail aux frontières exige de l’expérience, du sang-froid et, quand il le faut, du courage ordinaire que l’on trouve plutôt chez les vétérans que chez les «bleus».

De plus les vétérans sont capables, en cas de besoin,  de livrer un véritable combat, de tenir des positions en attendant l’arrivée des détachements militaires. Cela permettrait d’assurer une plus grande stabilité aux frontières ainsi que l’ indispensable renforcement  de main-d’oeuvre  militaire. Un facteur qui a toute son importance: nous contribuerons ainsi à rassurer les familles des nouveaux appelés en les encadrant de militaires aguerris. A l’heure actuelle, de nombreux villages sont pratiquement vidés, les terres ne sont pas cultivées – les vétérans de la guerre de libération d’Artsakh auraient pu y organiser des colonies, cultiver les terres si on leur en donnait les moyens et, dans le même temps, assurer la défense des frontières contre les incursions de l’ennemi.

A notre avis, une première colonie peut effectivement être installée sur le territoire du village de Talysh. Ressentant une réelle protection, les villageois pourront revenir et avec l’armée de réserve ,  la milice populaire, des membres de la diaspora, en plus de leur tâche de sécurisation des frontières

travailleraient la terre et tous les produits qui en découlent. De cette manière, non seulement nous aurons une défense fiable aux frontières mais, en cas de guerre, avant la déclaration de mobilisation générale, nous pourrons compléter de manière opérationnelle les rangs  de l’armée régulière. Je ne propose rien de nouveau, tout ce qui vient d’être dit a déjà été initié par moi et mis en pratique lors de mon engagement spontané en 1993-1995.

Bien entendu la réalisation de ce programme aurait été impossible sans la participation spontanée de l’Etat, des institutions, des associations du pays et de la diaspora au moment où j’étais responsable-adjoint de la Direction de l’émigration et des relations extérieures auprès du gouvernement concernant les questions d’émigration et  des réfugiés. Il a été organisé, depuis l’Arménie et d’autres pays de la CEI,  le retour vers le Nagorny Karabakh de plus de 42 000 citoyens d’Artsakh qui avaient momentanément quitté leurs foyers à cause des combats.

Les territoirs libérés n’avaient  pas encore reçus de statut officiel mais nous avions commencé à repeupler ces territoirs libérés, essentiellement avec des réfugiés d’Azerbaïdjan, de Chaoumaian, Guetashen, Maragui, Tchaïlou et d’autres points de peuplement en Artsakh occupés par l’agresseur. Malheureusement ces territoires et d’autres  formant notre Patrie restent pour l’instant occupés à cause de l’accord signé avec l’Azerbaïdjan sur le cessez-le-feu. Je ferai remarquer  que c’est justement le village de Talysh, libéré le 14 avril 1994, qui a été le dernier  point de peuplement d’Artsakh a être libéré. A la suite de quoi cet accord a été signé et observé jusqu’au 2 avril 2016.

Et enfin, l’essentiel! En accord avec les autorités de l’Artsakh et en particulier le président Bako Sahakyan, du secrétaire du Conseil de sécurité d’Artsakh V. Balassanyan nous avons déjà entamé le  processus organisationnel de stimulation du retour des populations dans les régions frontalières et nous espérons que la Diaspora , comme elle l’a prouvé à maintes reprises, pourra et sera autorisée à participer au renforcement des moyens de défense et à la sécurité de notre Patrie historique. Chers compatriotes, ce processus est irréversible et nous appelons les arméniens de la Diaspora à s’intégrer au peuple d’Arménie et d’Artsakh et faire tout le possible au nom de la sécurité de nos pays et du renforcement de leurs frontières.

Nous sommes persuadés que seule une Patrie forte est soutenue par une Diaspora forte.

Edouard Polatov (Polatidis),

Député de l’Assemblée Natioale (Parlement) de l’Arménie Occidentale,,

Président de l’organisation patriotique «Talysh – les villages frontaliers»

Erévan, 18.09.2017

 

Vie Forum «Arménie-Diaspora» – 2017

II Section – Les particularités de la politique de défense de République d’Arménie dans les conditions de conflits.

Rubrique 2-3 – Développement stable et défense  effective des zones de peuplement frontalier.

 

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