Yuliya Guloyan: «Appropriation et destruction du patrimoine culturel et religieux du peuple arménien, politique néo-ottomane de la Turquie: défis et menaces»

yilia-gyuloyanL’un des faits marquants de la politique néo-ottomane de la République turque consiste à continuer à s’approprier et à détruire  le patrimoine culturel, historique et religieux du peuple arménien.

Cette ligne politique continue s’étend sur une longue période: du sultanat au Jeunes Turcs jusqu’à Kémal Pacha. Elle a revêtu une forme particulièrement atroce pendant les années du génocide subi par les Arméniens, de 1894 et 1923 et perpétré par les différents gouvernement turcs en Arménie Occidentale, en Cilicie et à l’intérieur de la Turquie ottomane.

Tant que l’opinion internationale n’aura pas jugé  dans son intégralité cet horrible crime de génocide (crime  contre l’humanité et la civilisation), tant que des dédommagements ne seront pas actés, le processus génocidaire continue jusqu’à aujourd’hui sous diverses formes y compris le génocide culturel.

Dans ce contexte, il est indispensable d’anticiper concernant le futur devenir de cet héritage millénaire que l’on nommait et nomme encore «le berceau», sans oublier qu’il appartient à ceux qui sont à l’origine de la spiritualité, de l’humanisme et de la culture de notre monde actuel.

Une partie importante de notre ancienne civilisation résulte de l’apport culturel et spirituel  du peuple  arménien  et se trouve actuellement et malheureusement aux mains de l’Etat qui a commis ces crimes et qui, sciemment et aux yeux du monde entier, montre encore sa barbarie vis-à-vis de la culture d’un autre peuple – créateur de ces trésors.

Il faut reconnaître que sur une longue période, méthodiquement et continu, la politique néo-ottomane de la Turquie «développe» une tradition instituée par les Jeunes Turcs en détruisant l’héritage culturel et spirituel arménien.

A l’anéantissement physique de la majeure partie du peuple autochtone arménien du pays pendant le génocide perpétré de la fin du XIXe siècle au début du XXe, succède en s’intensifiant le processus de déracinement de tout ce qui revenait au peuple arménien.

A partir de 1928, débute la rebaptisation de tous les sites historiques, nationaux existant sur le territoire de l’Arménie occidentale. Plus de 90% des toponymes arméniens sont turquifiés, les noms géographiques de l’Arménie occidentale changés. Des centaines de monuments architecturaux sont transformés en mosquées, est détruit tout ce qui est d’origine arménienne ou relatif aux Arméniens, à leur culture, leur histoire.

L’armée turque utilise les monuments, les églises, les chefs d’oeuvre architecturaux comme cibles de tir pendant les  exercices  d’entraînement,  ce  qui  constitue  un  acte  de  barbarie  pour  tout Etat  moderne  si,  bien  sûr, on  fait abstraction de  groupes terroristes tel que Daech!

Les rares églises encore debout servent d’étables, de silos, de prisons. Sont créés des documents officiels falsifiés, des publications se disant scientifiques qui dénaturent l’histoire et la civilisation arméniennes ou bien les effacent.

Toute une «base normative» est constituée, «un vandalisme légalisé», autorisant de raser les monuments, d’utiliser leurs pierres comme matériau de construction, d’organiser des fouilles illégales, à la recherche d’objets précieux.

«Les chercheurs d’or» avec la bénédiction du gouvernement turc détruisent absolument tout! Ces monuments n’appartiennent pas à la Turquie, ils sont l’héritage de l’humanité. Perdre ces monuments constitue un acte irréparable. La destruction comme l’appropriation des monuments culturels arméniens sont des actes continuateurs du génocide des Arméniens. Au génocide physique succède le génocide culturel!

Citons quelques exemples parmi une  multitude :

Le mont Nemrut représente le panthéon des dieux arméniens antiques. Ils s’y dressent entre autres les statues – hautes de 8-9 mètres – des dieux Aramazd, Mitra, Vaaghn, Anaït, Astrik. Les Turcs se sont appropriés une sculpture d’Antioche Ier Theos, érigée en 62 av. J.C. en l’honneur du roi du même nom de la dynastie arménienne des Ervandides et prétendent qu’elle fait partie de leur histoire.

Portabelur – (Guebekli Tepe en turc); mont Poupotchny (en  russe)  –  est  une  ancienne  ville  du  Plateau arménien avec un ensemble de plusieurs temples et, des observatoires. Il s’agit du plus ancien ensemble au  monde de l’époque mégalitique. Il a plus de 12 000 ans. Il figure parmi les découvertes majeures de notre époque. C’est le premier édifice religieux construit par l’homme. Il a été rebaptisé également par un nom turc.

Les ruines de la ville d’Ani représentent les vestiges du «siècle d’or» arménien. Elle était la capitale arménienne du royaume d’Ani. Une ville très importante pour l’époque, aux «mille et une» églises, il ne reste que des ruines que des vandales continuent à détruire. Les Turcs l’ont rebaptisée «Ana» et essaient de l’inscrire au patrimoine mondial comme leur appartenant.

Ils s’en sont également pris aux valeurs bibliques: le Mont Ararat, l’un des symboles fondamentaux des  Arméniens et l’ont renommé «Agri»!

Pour ce qui est de l’héritage culturel.  Selon  des  données  officielles,  au  début  de  l’année  1914,  le  nombre d’églises et monastères arméniens sur le territoire de l’Arménie Occidentale et de l’Empire ottoman était de 2 549 édifices (y compris les monuments des débuts du christianisme des IVe et Ve siècles). Leur majorité a été pillée, brûlée et détruite pendant la période du génocide. En 1974, l’UNESCO a relevé qu’après 1923, sur les 913 monuments architecturalement remarquables 464  ont été totalement détruits, 252 ne sont plus que des ruines,  197 nécessitent une reconstruction totale. Mais à l’heure actuelle, il n’y a plus rien à réhabiliter – la Turquie a, depuis, planifié leur destruction.

La politique actuelle des continuateurs néo-osmaniens dénie également le droit de restitution de la résidence de Sis du Catholicossat de Cilicie, usurpée au début du XXe siècle par le gouvernement turc suite au génocide.

La politique actuelle de la Turquie a conduit à la quasi disparition de la langue arménienne occidentale. En cause: la déportation des Arméniens d’Arménie Occidentale et l’impossibilité de réintégrer leur patrie historique donc de l’utiliser, ce qui est un droit fondamental.

Pour exemple flagrant de la politique néo-ottomane et assimilatrice menée: la relation avec les Arméniens Hamshen qui dans leur grande majorité ont été islamisés de force. Nombreux sont ceux qui ont perdu leurs racines, leur identité nationale, ne se sentent pas descendants d’Arméniens, se dénomment eux-mêmes comme khemshils. Récitant des prières en arménien occidental (comme le «Notre Père»), certains sont persuadés qu’il s’agit d’une prière khemshile en langue turque. Ou encore, s’agissant de chefs d’oeuvre d’architecture tels les magnifiques ponts Hamshen à un arc, uniques en leur genre et datant du Moyen Age, les Turcs se les attribuent sans honte aucune. Nous nous devons d’utiliser toutes les possibilités pour aider nos frères et  nos  soeurs Hamshen à se réapproprier leurs racines arméniennes.

Concernant l’artisanat et en particulier l’art des tapis, les Turcs s’attribuent le tissage arménien   jusqu’à les faire venir d’Arménie (orientale) ou en les imitant – y compris en reproduisant les symboles, les couleurs -, affirmant qu’il s’agit de leur patrimoine national turc.

Ils sont si scrupuleux et dénués de principes au point d’avoir fait leur notre chant patriotique (Hymne national de l’Arménie Occidentale), «Zartnir lao mernim kézi» – l’unique berceuse au monde où la mère appelle  son fils  pour défendre la Patrie. Ce chant accompagnait nos soldats-fedayis au front alors que l’équipe de football turque l’utilise comme hymne mais avec des paroles turques.

Notre cuisine traditionnelle ancestrale est également «expropriée par nos voisins». C’est facile à prouver si on se réfère aux sources.

Ainsi c’est le cas du blé, mais on pourrait également citer d’autres produits. On sait que la patrie du blé se situe sur le Plateau arménien. Jusqu’à maintenant 3 à 4 variétés sont considérées comme exclusivemtn arméniennes. Depuis les temps les plus anciens, les Arméniens s’occupaient de traiter le blé. Boulghour, pokhindz, korkot, dzavar, atchar – représentent  les différentes variétés  du blé utilisés en cuisine arménienne.

Les plats que les Turcs et autres voisins «avec l’aide de l’UNESCO», essayent ou se sont appropriés sont en fait depuis des temps immémoriaux des spécialités arméniennes. Leur préparation technique en témoigne avec l’utilisation du «tondyr» ou «tonyr» et ils portent des noms arméniens. Il en est de même pour le lavash et le madnakasha.

Ainsi que le prédisent certains, après avoir homologué comme leur le plat national nommé «kashik» (kashel, en arm.), les Turcs souhaiteront s’approprier le «tondyr» (qui était le symbole du Soleil sur terre à l’époque où les Arméniens étaient adorateurs du Soleil). Ce «tondyr» remplissait plusieurs fonctions: il était utilisé en cuisine, pour chauffer la maison, pour rétablir le malade en convalescence.

Tout cela se fait dans le but de donner aux Turcs la possibilité de prétendre être le peuple premier du Plateau arménien. Mais quoi qu’ils fassent, qu’ils falsifient leur propre histoire, l’histoire se souvient d’eux en tant que nomades sanguinaires qui se sont emparés des terres d’autrui, de leurs biens et de leur patrimoine culturel.

La République turque est membre de l’UNESCO. Il est temps pour l’UNESCO et les autres organisations internationales de s’en tenir aux principes de l’histoire authentique, du droit, des normes d’éthique et non pas, comme à l’heure actuelle, de pratiquer un double langage.

Espérons qu’il se trouvera au sein de l’UNESCO et d’autres instances internationales des spécialistes honnêtes qui pourront mettre fin au vandalisme qui perdure et auront le goût de s’atteller à l’étude des sources historiques authentiques et non de travailler sur des faits rapportés ou inventés. Cela touche non seulement l’histoire du peuple arménien mais celle du monde, son héritage culturel, spirituel et religieux.

Yuliya Guloyan, responsable de la commission culturelle, membre du présidium de l’union des femmes arméniennes «Hamshenian».

 

17.11.2016

Positionnement de la Fédération de Russie concernant la résolution de la Question Arménienne (3ème volet)

Jusqu’à il y a peu, le positionnement de la Fédération de Russie concernant la résolution de la Question Arménienne était simple: il était déterminé par les dispositions de l’Accord de Moscou (Accord entre la Fédération Socialiste Russe et la Turquie du 16 mars 1921 [1]). C’était jusqu’à présent la position de la Russie concernant la Question Arménienne jusqu’à ce que : Lire la suite

Attitude des Etats-Unis concernant la résolution de la Question Arménienne (2ème partie)

Il aurait été logique que les Etats-Unis s’appuient sur la Sentence Arbitrale du 28e Président des Etats-Unis – Woodrow Wilson – signée le 22 novembre 1920, pour régler la Question Arménienne. Pourtant la position américaine jusqu’à il y a peu, reflète pratiquement les idées de la Résolution du Parlement Européen au sujet du Proche Orient, avec comme ajout mineur l’idée d’inclure à la Républiue d’Arménie  le Mont Ararat et l’antique capitale arménienne  Ani.

Le positionnement des Etats-Unis concernant la Question Arménienne et les problèmes du Proche Orient a fait l’objet d’articles publiés ces dernières dix années. L’un d’eux, «La nouvelle carte du Proche Orient basée sur la parenté consanguine et la ressemblance des religions»,  rédigé par Ralph Peters – officier retraité de l’armée américaine – reflète le plus fidèlement la position des Etats-Unis sur ces questions [1].

En ce qui concerne les droits et exigences arméniens, il est écrit que «Mais cet horrible crime – le Génocide des Arméniens – commis sous l’Empire Ottoman agonisant – ne pourra jamais être compensé par  des dons territoriaux».

On remarque bien la similitude de vue avec le deuxième paragragraphe de l’article 2 de la Résolution du Parlement Européen où il est dit – nous le rappelons:

«Le Parlement Européen … reconnaît  toutefois, que la Turquie actuelle  ne peut être tenue pour responsable  de la tragédie vécue par le peuple arménien sous l’Empire Ottoman» et souligne que «la reconnaissance de cet évènement historique  en tant qu’acte de génocide ne peut s’accompagner d’exigences ni politiques ni juridiques ni matérielles vis-à-vis de la Turquie actuelle » [2].

Voilà pourquoi en octobre 2009, lorsqu’en Suisse furent paraphés les fameux Protocoles entre la République d’Arménie et la République turque, parmi les personnalités présentes se trouvait la secrétaire d’Etat des Etats-Unis, Hillary Clinton.

Il convient d’ajouter que sur la carte élaborée par Ralph Peters, il est indiqué que le Mont Ararat et l’antique capitale arménienne Ani passent en République d’Arménie et, depuis un certain temps, dans les milieux politiques américains  on discute de la problématique des Arméniens locaux islamisés. Remarquons également que depuis février 2012, dans les mileux politiques américains, on entend des discours concernant la défense des Arméniens de Syrie et du Proche Orient [3, 4].

Toutefois il est évident que ces prises de position ne reflètent pas complètement et réellement le contenu politique et de droit des documents sur la résolution de la Question Arménienne.

Aussi sommes-nous obligés de répéter que concernant la résolution de la Question Arménienne, il existe des résolutions actées entre 1918 et 1920. Parmi celles-ci, le Décret du Gouvernement de la Russie (Soviet des Commissaires au Peuple): «De l’Arménie turque» («De l’Arménie Occidentale»), du 11 janvier 1918; la reconnaissance de facto par le Conseil Suprême des Puissances Alliées, lors de la Conférence pour la paix à Paris,  de l’indépendance de l’Etat d’Arménie (sous-entendu une seule Arménie – orientale et occidentale) le 19 janvier 1920;  la reconnaissance de jure de l’indépendance de l’Etat arménien par le Conseil Suprême des Puissances Alliées, le 11 mai 1920; le Traité de paix de Sèvres signé le 10 août 1920; la Sentence Arbitrale du 28ème Président des Etats-Unis , Woodrow Wilson,  concernant les frontières entre l’Arménie et la Turquie , du 22 novembre 1920 [2].

C’est pourquoi lorsqu’il s’agit de défendre la question des droits du peuple arménien, il ne faut pas oublier qu’un important travail préalable doit être mené. Il est nécessaire de rappeler aux cercles gouvernementaux américains l’existence de la Sentence Arbitrale du 28ème Président des Etats-Unis Woodrow Wilson (ainsi que celle d’autres résolutions), de l’importance de sa mise à exécution non seulement pour l’existence du peuple arménien mais également pour une paix ferme, une coopération au Proche Orient et dans le monde entier.

(à suivre: Position de la Fédération de Russie concernant la résolution de la Question Arménienne»)

Tigran Pashabézian

Premier Ministre de la République d’Arménie Occidentale 

11.12.2016

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Notes

  1. Ralph Peters, «La nouvelle carte du Proche Orient basée sur la parenté consanguine et la ressemblance des religions ». Blood borders, How a better Middle East would look, By Ralph Peters, All content © 2006, Armed Forces Journal | Terms of Service.
  2. Résolution du Parlement Européen «De la résolution de la Question Arménienne», 18 juin 1987 , European Parliament. Doc. Л2-33/87. – See more at: http://www.genocide-museum.am/rus/European_Parliament_Resolutio3.php#sthash.op5w1Pc1.dpuf.
  3. Le Congrès américain veut aider les Arméniens de Syrie, 02.08.2012 , Azatutyun.am.
  4. Les membres du Congrès (américain) appellent à défendre les Arméniens de Syrie. 08.2012, Azatutyun.am.
  5. «Ensemble de documents politiques et de droit pour la défense des droits de l’Arménie Occidentale et des Arméniens d’Arménie Occidentale», Recueil de documents, 2e édition augmentée, 2015, Noyan Tapan éditeur, Erévan, Issaakian 28 .http://nt.am/am/ourpublication/10/ 

Source:  ИА REX – международное экспертное сообщество

 Traduction – Beatriss Nazaryan

Positionnement de l’Union Européenne concernant la solution de la Question Arménienne (Partie 1)

Concernant la résolution de la Question Arménienne, l’attitude de l’Union Européenne et celle des pays européens la composant  se conformait, il n’y a pas encore longtemps, à la Résolution du Parlement Européen “De la résolution de la Question arménienne” du 18 juin 1987 (1).

Nous adjoignons l’expression «il n’y a pas encore longtemps» car, récemment, de nouvelles positions auraient pu s’exprimer. S’il n’y en a pas, il est de notre devoir d’obtenir du Parlement Européen (et pas seulement) qu’il réexamine cette question  de manière à ce qu’une solution définitive et satisfaisante émerge.

La question des réparations ne figure pas dans les protocoles de reconnaissance du génocide des Arméniens émis par les Etats européens. En revanche, les deux Chambres boliviennes, outre leur entière solidarité envers le  peuple arménien, reconnaissent et jugent le Génocide des Arméniens et appellent à exiger réparation (2).

Dans la Résolution du Parlement Européen citée plus haut, la solution politique concernant la Question Arménienne est exprimée de la manière suivante:

  1. a) les crimes en masse organisés par le gouvernement turc contre le peuple arménien en 1915-1917 sont qualifiés de génocide selon la Convention de l’ONU «De la prévention du crime de génocide et de sa sanction»,

(9 décembre 1948);

  1. b) bien que le génocide ait été perpétré sur le sol de la Turquie contemporaine, celle-ci n’en porte seulement que la responsabilité morale ;
  2. c) cette interprétation de la Question Arménienne la réduit et rélègue sa reconnaissance au rang d’une simple minorité sur le sol turc.

Dans le premier paragraphe de l’article 2 de la Résolution de l’Europarlement il est dit::

«Le Parlement Européen considère que les évènements tragiques de 1915-1917 vécus par les  Arméniens vivant sur le territoire de l’Empire ottoman sont assimilés à un génocide par référence à la Convention “De la prévention du crime de génocide et de sa sanction» adoptée par l’Assemblée Générale de l’ONU le 9 décembre 1948».

Dans le deuxième paragraphe de l’article 2 de la Résolution de l’Europarlement il est dit::

«Le Parlement Européen note également que la Turquie actuelle ne peut être considérée comme responsable  de la tragédie vécue par les Arméniens de l’Empire Ottoman et souligne que la reconnaissance de ces faits historiques ne peuvent  donner lieu à aucune exigence politique, de droit ou de réparation matérielle envers la Turquie actuelle”.

L’article 5 de la Résolution rabaisse la portée de la Résolution au rang des droits d’une simple minorité ethnique:

«Concernat cette tragédie (du peuple arménien), elle s’associe à son désir de développer son originalité nationale, de préserver ses droits en tant que minorité et enfin de jouir pleinement des droits de l’homme et du citoyen tels que le stipule les articles de la Convention européenne».

Autrement dit,  tout cela a abouti au dialogue et aux droits de la minorité arménienne et des autres peuples de la République turque ainsi que le stipulent les articles 3 et 4 de la Résolution:

«3. Le Conseil appelle à obtenir du gouvernement turc actuel  la reconnaissance du génocide perpétré à l’encontre des Arméniens en 1915-1917 et aider à l’instauration d’un dialogue entre la Turquie et les représentants des Arméniens;

  1. Il considère qu’un refus de la part du gouvernement turc actuel de reconnaître le génocide perpétré à l’encontre des Arméniens par le gouvernement Jeunes Turcs, son non-vouloir d’appliquer les principes du droit international concernant son occupation militaire de Chypre, son refus de reconnaître l’existence d’une question kurde, l’absence d’une réelle démocratie parlementaire, l’absence de libertés individuelle aussi bien que collective et particulièrement l’absence de liberté religieuse constituent des obstacles de taille pour envisager la question d’une possible intégration de la Turquie dans l’Union européenne».

Il n’est pas inutile de remarquer  que cette Résolution, adoptée le 18 juin 1987, ne correspond pas à la réalité  politique et du droit pour une résolution de la Question Arménienne si on se réfère à la décision finalisée par le Décret  «De l’Arménie turque « («De l’Arménie occidentale») du 11 janvier 1918 du Gouvernement de la Russie (Conseil des Commissaires au Peuple); le Conseil Suprême des Puissances Alliées a  reconnu de facto l’indépendance de l’Etat arménien (sous-entendant une Arménie unique – orientale et occidentale) pendant la Conférence  de Paris  (19 janvier 1920) puis de jure  le 11 маi 1920 ; le 10 août 1920 est signé le Traité de Paix de Sèvres ; la Sentence Arbitrale du 28-ème Président des Etats-Unis Woodrow Wilson fixe les frontières entre l’Arménie et la Turquie (22 novembre 1920) ainsi que d’autres  résolutions que les Etats européens et leurs instances ont ignoré et qui sont tombées dans l’oubli [3].

De plus, en comparant la Résolution du Parlement Européen “De la résolution politique de la Question Arménienne” avec  le “ Protocole pour l’instauration d’un dialogue bilatéral entre la République d’Arménie  et la République de Turquie”, nous constatons que le Protocole reprend exactement  la formulation de la Résolution, que ce soit en droit ou en politique et n’est que sa continuation  [4].

Partant de ces données, il faut reconnaître que les structures et organisations arméniennes qui prétendent défendre les droits des Arméniens auprès du Parlement Européen ou d’autres instances ne présentent pas la réalité des choses et il est de leur devoir de changer la position du Parlement Européen et des autres instances européennes concernant la Question Arménienne. Sinon il sera impossible d’obtenir une solution définitive  et totale de cette Question Arménienne. Il y a même le danger de devenir l’appendice de ces structures concernant la réalisation de leur politique au Proche Orient qui n’oeuvre ni dans le sens de la paix ni dans celui des droits des peuples et Etats de la région [5].

Il est indispensable d’éviter à tout prix le “statut” d’appendice, il faut emprunter le chemin de la défense de tous les droits du peuple arménien et obtenir de la part des Etats, des parties ainsi que des structures  des changements  et une reconsidération du problème ainsi que l’exige le contenu des documents cités pour aboutir à une solution pleine et entière de la Question Arménienne  [6].

(à suivre: “L’attitude des Etats-Unis face à la résoluion de la Question Arménienne”).

Tigran Pashabézian

Premier Ministre de la République d’Arménie Occidentale

 10.12.2016

***** 

Notes

  1. La Résolution du Parlement Européen «De la solution politique de la Question Arménienne» du 18 juin 1987, European Parliament. Doc. Л2-33/87. – See more at: http://www.genocide-museum.am/rus/European_Parliament_Resolutio3.php#sthash.op5w1Pc1.dpuf.
  2. Les deux Chambres du Parlement bolivien ont reconnu le Génocide des Arméniens. Les Deux Chambres «confirment leur adhésion aux droits de l’homme, à la vérité et la justice , expriment leur soutien et considèrent le Génocide perpétré envers les Arméniens et sa politique de négation comme des crimes insupportables».,04.2015 , Orer.am.
  3. «La stratégie de la République d’Arménie Occidentale concernant la reconnaissance au niveau mondial du Géocide des Arméniens, son jugement et réparations», 19.10.2014 .
  4. «Protocole concernant l’instauration de relations bilatérales entre la République d’Arménie et la République turque», «Protocole pour l’instauration de relations diplomatiques entre les Républiques d’Arménie et de Turquie », 10.10.2009 , Zurich (Suisse) , http://fca.narod.ru/forum-kavkaza-protokoli.html.
  5. Les représentants de l’organisation «Congrès National des Arméniens d’Arménie Occidentale» (Արեւմտահայոց Ազգային Համագումար) se sont réunis avec les dirigeants du Parti Démocratique des Peuples et les représentants de structures européennes , 11.2016 , Arevelk.am.

(Il ne faut pas confondre l’organisation “Congrès National des Arméniens Occidentaux et Conseil National de l’Arménie Occidentale constitué à Chouchi en 2004, de la part de l’auteur de l’article).

  1. «Ensemble de documents politiques et de droit pour la défense des droits de l’Arménie Occidentale et des Arméniens d’Arménie Occidentale (Recueil de documents), 2e édition, 2015, éditeur «Noyan Tapan», Erévan, Issaakian 28 . – http://nt.am/am/ourpublication/10/

Source :  ИА REX – международное экспертное сообщество

 Traduction – Beatriss Nazaryan

Création de «L’Union des Arméniens de la Suède»

Un événement important dans la vie des Arméniens a eu lieu le 22 Novembre 2016 – le Royaume de Suède par un organisme habilité a officiellement enregistré une nouvelle organisation arménienne – «l’Union des Arméniens de Suède».

Ce même jour, en 1920, le 28-ème président américain Woodrow Wilson a signé pour le peuple arménien une sentence arbitrale sur les frontières entre la Turquie et l’Etat d’Arménie.

Le Président de l’Union des Arméniens de la Suède a été élu député de l’Assemblée nationale (Parlement) de l’Arménie occidentale Sargis Gasparyan fin 2013.

Les objectifs principaux de l ‘ «Union des Arméniens de Suède» sont:

D’aider à l’élaboration et à la préservation de la culture nationale, la langue, l’éducation, la tradition, l’accès gratuit à des valeurs culturelles et historiques nationales, la satisfaction des besoins culturels, éducatifs, spirituels, sociaux, juridiques, d’information, et économiques des Arméniens en Suède, en Arménie occidentale et dans le monde ;
D’aider à la décision finale de la question arménienne, l’unification et de l’unité des Arméniens dans le monde entier pour ses décisions;
D’aider à la restauration de la justice historique et universelle pour les Arméniens d’Arménie occidentale et la Cilicie;
D’aider à la reconnaissance et la condamnation internationale du génocide des Arméniens en Arménie occidentale, Cilicie, et l’Empire ottoman dans les années 1894-1923 ainsi que de défendre le dossier des réparations;
D’aider à fournir une assistance humanitaire aux Arméniens en Arménie occidentale et au Moyen-Orient, ainsi que d’autres personnes déplacées à l’intérieur;
D’aider au renforcement de la paix, l’amitié et l’harmonie entre les peuples; la protection des droits et intérêts légitimes des membres de l’Union.

Dans un avenir proche dans la capitale du Royaume de Suède à Stockholm sera organisée une présentation solennelle de l’Union des Arméniens de la Suède, avec la participation des députés du Riksdag (Parlement) en Suède, politique, sociale, nationale et religieuse, des représentants du corps diplomatique et des médias, ainsi que des représentants officiels de l’Arménie occidentale et organisations arméniennes de Suède, en Europe et au Moyen-Orient.

Le siège de l’Union des Arméniens de la Suède se trouve dans la ville de Göteborg.

E-mail: [email protected]

FAQ:

Sargis Gasparyan est né en 1973 au Liban. Ses ancêtres sont d’Arménie occidentale, plus précisément de Tigranakert.

Durant le génocide des Arméniens, les autorités turques ont expulsé les membres survivants de la famille dans le désert de Deir ez-Zor, où ils ont été secourus par des tribus bédouines. Une fois qu’ils ont trouvé refuge en Syrie dans les villes de Hasaka et Kamishli.

Depuis, ces 30 dernières années (1986), réside et travaille en Suède.

En Novembre 2013, il a été élu à l’Assemblée nationale (Parlement) de l’Arménie occidentale.

Marié, il a 3 enfants.

Service de presse de l’Union des Arméniens de la Suède

Armen Ter-Sarkissian : «La Question Arménienne et la politique néo-ottomane de la Turquie: défis et menaces»

Exposé spécial dans le cadre du meeting international concernant le Proche Orient «La politique néo-ottomane de la Turquie: défis et menaces», avec la participation d’experts et de politologues reconnus venus de Russie, d’Arménie, de Syrie, d’Iran, de Turquie, d’Irak et d’Israël, sous l’égide de l’Agence fédérale d’information «REGNUM», Russie.

La politique néo-ottomane  adoptée actuellement par la République turque se révèle être la répétition de la politique  de l’Empire ottoman et de la République turque des années 1894-1923. C’est une politique extrêmement dangereuse, dissimulant « menaces et défis » tant pour les peuples habitant à l’intérieur de la Turquie que pour ceux de la région du Moyen-orient.

L’Empire ottoman est reconnu en histoire comme la prison commune des peuples. Ainsi, pendant des siècles, cet Empire s’est dressé contre la liberté, la possibilité d’un développement civilisé et contre le droit naturel de chaque peuple vivant sur le territoire de l’Empire. Cette situation s’est aggravé à partir de la première moitié du XIXe siècle lorsque l’Empire a commencé à mener une politique pan-osmaniste puis, à partir de 1873-1874, pan- turquiste.

Cela a conduit au génocide, à la déportation des populations non turques vivant sur le territoire de l’Empire; les premières victimes furent les Arméniens chrétiens de 1894 à 1923. En 1916-1923, les Grecs à leur tour ont subi génocide et déportation forcée; en 1914-1923 c’est au tour des Assyriens. Pendant trente années, de la fin du XIXe siècle au début du XXe, pendant les mandats successifs de trois gouvernements – du sultan, des Jeunes Turcs et des Kémalistes – s’est perpétré un génocide qui a exterminé plus d’un million et demi d’ Arméniens vivant sur leur terre historique – sur le plateau arménien là, où avaient vécu depuis de nombreux millénaires leurs ancêtres.Environ autant d’Arméniens furent déportés et des centaines de milliers – dont femmes et enfants – islamisés de force.

Les gouvernements de Grande Bretagne, France et Russie ont été les premiers à condamner ce génocide dans leur déclaration du 24 mai 1915 en qualifiant les actions du gouvernement turc envers les Arméniens en Arménie   de

«nouveau crime contre l’humanité et la civilisation» et ont «mis en garde leurs organisateurs et exécutants de leur culpabilité criminelle». Plus tard, de nombreux pays progressistes ont reconnu et condamné ce crime monstrueux commis par la Turquie. Ce processus de reconnaissance continue jusqu’à aujourd’hui. Il convient de souligner que même le Gouvernement turc, en la personne du tribunal militaire spécial de Constantinople, en 1919-1920, a jugé pour ces crimes les dirigeants jeunes Turcs du gouvernement – condamnant plusieurs d’entre eux à la peine maximale – la peine capitale .

Si à la fin du XIXe siècle s’est posée une Question arménienne, au début du XXe (1918-1920) un certain nombre de mesures ont été prises concernant les droits des Arméniens y compris relativement à un Gouvernement d’Arménie (sous-entendu une Arménie unifiée – orientale et occidentale).

En particulier:

– Le 13 janvier 1918: le Gouvernement russe (SOVNARKOM) a édicté le décret « sur l’Arménie turque» (concernant l’Arménie occidentale);

– Le 19 janvier 1920, à la Conférence de Paris, le Conseil Suprême des Puissances alliées a reconnu de facto l’indépendance de l’Etat arménien;

– Le 11 mai 1920, le Conseil Suprême des Gouvernements alliés a reconnu de jure l’indépendance de l’Etat arménien;

– Le 10 аoût 1920 a été signé le traité de paix de Sèvres, les paragraphes 88 à 93 concernent la souveraineté et l’indépendance de l’Arménie;

-Le 22 novembre 1920, le 28ème Président des Etats Unis Woodrow Wilson a adopté une Sentence arbitrale concernant les frontières internationales de l’Arménie et de la Turquie.

Les instances dirigeantes actuelles de la Turquie continuent non seulement de mener une politique négationniste concernant le génocide subi par les Arméniens mais refusent encore de reconnaître leurs droits officiellement reconnus ainsi que ceux de leur Etat au cours des années 1918-1920. De plus, elles continuent d’appliquer la politique des gouvernements turcs précédents – une politique panislamiste, panturque –constituant une nouvelle menace  et un défi autant pour les peuples de leur République turque que pour les peuples voisins.

La menace constituée par la politique néo-ottomane de la République turque s’est pleinement illustrée au Proche Orient – durant les guerres d’Irak, de Syrie – lorsque le gouvernement de la République a commencé à soutenir l’opposition syrienne y compris les groupes terroristes extrêmes (Daech et autres). Cela a conduit à l’invasion puis l’occupation des régions nord limitrophes de la Syrie, à la catastrophe humaine dans Alep assiégée et au chantage avec l’Europe au sujet des réfugiés.

Le Président de la Russie Vladimir Poutine a défini avec exactitude la portée de l’incident du bombardier russe SU-24 des forces russes, sabordé par la Turquie le 24 novembre 2015 dans le ciel syrien: « un coup porté dans notre dos par les complices des terroristes».

Il est important de souligner que le 9 novembre 2016, la Commission Européenne dans son bilan annuel a accusé la Turquie de diffuser à travers son territoire des déclarations insufflant la haine à l’encontre des Arméniens, et des menaces contre les peuples autochtones de son territoire, minorités nationales et religieuses. Dans un paragraphe spécial, elle souligne que «les autorités turques continuent à réagir durement envers tout pays reconnaissant le Génocide perpétré à l’encontre des Arméniens. la Commission Européenne a également accusé  la Turquie de soutenir ouvertement l’Azerbaïdjan lors de la guerre de quatre jours en avril 2016 au Nagorno- Karabakh. «Tout cela est extrêmement préoccupant», est-il noté dans le rapport.

Pendant les journées de guerre en Artsakh, pour détourner l’attention des gens de la planète, les autorités de la République turque, pour dédouaner l’Azerbaïdjan de son agression, ont fixé le débat sur les frontières de la République arménienne et de l’Artsakh.

Il est inutile de préciser qu’ils n’y parviendront pas et que tout se terminera là où cela a commencé – y compris en Arménie occidentale, par l’instauration d’une République d’Arménie occidentale.

Il ne faut pas perdre de vue le fait que le Traité de Sèvres de 1920 est par essence un traité de paix et en ratifiant ce traité, il est possible d’instaurer au Proche Orient une paix durable et un partenariat sincère.

La mission de paix pour la région, incombant au Traité de paix de Sèvres, n’est pas accomplie. Une réelle coexistence pacifique ne pourra s’instaurer qu’à la condition du respect des droits des Arméniens, Assyriens, Grecs, Alévites, Arabes, Kurdes et même Turcs.

Seule la réalisation des droits de tous les peuples de cette région et l’instauration d’une paix tant attendue leur permettra de vivre, se développer, d’avoir un avenir. Il en sera de même pour les Arméniens et l’Etat d’Arménie en appliquant les articles du Traité de paix de Sèvres et de la Sentence arbitrale du Présent Woodrow Wilson.

Les agissements de la République turque, y compris sa politique néo-ottomane, dissimulent des menaces et des défis infiniment dangereux pour tous les peuples de la région.

Nous avons encore la possibilité d’éviter cela. On peut faire respecter les droits de chacun et de les appliquer de manière pacifique. Dépêchons-nous, demain il sera trop tard. Nous sommes confiants que la raison et la bonne volonté l’emporteront.

Armen Ter-Sarkissian

Président du Conseil National (Parlement) de l’Arménie Occidentale

17.11.2016

Traduction du russe par Beatrice Nazaryan, député au Parlement d’Arménie Occidentale

Yuliya Guloyan: «Appropriation et destruction du patrimoine culturel et religieux du peuple arménien, politique néo-ottomane de la Turquie: défis et menaces»

L’un des faits marquants de la politique néo-ottomane de la République turque consiste à continuer à s’approprier et à détruire  le patrimoine culturel, historique et religieux du peuple arménien.

Cette ligne politique continue s’étend sur une longue période: du sultanat au Jeunes Turcs jusqu’à Kémal Pacha. Elle a revêtu une forme particulièrement atroce pendant les années du génocide subi par les Arméniens, de 1894 et 1923 et perpétré par les différents gouvernement turcs en Arménie Occidentale, en Cilicie et à l’intérieur de la Turquie ottomane.

Tant que l’opinion internationale n’aura pas jugé  dans son intégralité cet horrible crime de génocide (crime  contre l’humanité et la civilisation), tant que des dédommagements ne seront pas actés, le processus génocidaire continue jusqu’à aujourd’hui sous diverses formes y compris le génocide culturel.

Dans ce contexte, il est indispensable d’anticiper concernant le futur devenir de cet héritage millénaire que l’on nommait et nomme encore «le berceau», sans oublier qu’il appartient à ceux qui sont à l’origine de la spiritualité, de l’humanisme et de la culture de notre monde actuel.

Une partie importante de notre ancienne civilisation résulte de l’apport culturel et spirituel  du peuple  arménien  et se trouve actuellement et malheureusement aux mains de l’Etat qui a commis ces crimes et qui, sciemment et aux yeux du monde entier, montre encore sa barbarie vis-à-vis de la culture d’un autre peuple – créateur de ces trésors.

Il faut reconnaître que sur une longue période, méthodiquement et continu, la politique néo-ottomane de la Turquie «développe» une tradition instituée par les Jeunes Turcs en détruisant l’héritage culturel et spirituel arménien.

A l’anéantissement physique de la majeure partie du peuple autochtone arménien du pays pendant le génocide perpétré de la fin du XIXe siècle au début du XXe, succède en s’intensifiant le processus de déracinement de tout ce qui revenait au peuple arménien.

A partir de 1928, débute la rebaptisation de tous les sites historiques, nationaux existant sur le territoire de l’Arménie occidentale. Plus de 90% des toponymes arméniens sont turquifiés, les noms géographiques de l’Arménie occidentale changés. Des centaines de monuments architecturaux sont transformés en mosquées, est détruit tout ce qui est d’origine arménienne ou relatif aux Arméniens, à leur culture, leur histoire.

L’armée turque utilise les monuments, les églises, les chefs d’oeuvre architecturaux comme cibles de tir pendant les  exercices  d’entraînement,  ce  qui  constitue  un  acte  de  barbarie  pour  tout Etat  moderne  si,  bien  sûr, on  fait abstraction de  groupes terroristes tel que Daech!

Les rares églises encore debout servent d’étables, de silos, de prisons. Sont créés des documents officiels falsifiés, des publications se disant scientifiques qui dénaturent l’histoire et la civilisation arméniennes ou bien les effacent.

Toute une «base normative» est constituée, «un vandalisme légalisé», autorisant de raser les monuments, d’utiliser leurs pierres comme matériau de construction, d’organiser des fouilles illégales, à la recherche d’objets précieux.

«Les chercheurs d’or» avec la bénédiction du gouvernement turc détruisent absolument tout! Ces monuments n’appartiennent pas à la Turquie, ils sont l’héritage de l’humanité. Perdre ces monuments constitue un acte irréparable. La destruction comme l’appropriation des monuments culturels arméniens sont des actes continuateurs du génocide des Arméniens. Au génocide physique succède le génocide culturel!

Citons quelques exemples parmi une  multitude :

Le mont Nemrut représente le panthéon des dieux arméniens antiques. Ils s’y dressent entre autres les statues – hautes de 8-9 mètres – des dieux Aramazd, Mitra, Vaaghn, Anaït, Astrik. Les Turcs se sont appropriés une sculpture d’Antioche Ier Theos, érigée en 62 av. J.C. en l’honneur du roi du même nom de la dynastie arménienne des Ervandides et prétendent qu’elle fait partie de leur histoire.

Portabelur – (Guebekli Tepe en turc); mont Poupotchny (en  russe)  –  est  une  ancienne  ville  du  Plateau arménien avec un ensemble de plusieurs temples et, des observatoires. Il s’agit du plus ancien ensemble au  monde de l’époque mégalitique. Il a plus de 12 000 ans. Il figure parmi les découvertes majeures de notre époque. C’est le premier édifice religieux construit par l’homme. Il a été rebaptisé également par un nom turc.

Les ruines de la ville d’Ani représentent les vestiges du «siècle d’or» arménien. Elle était la capitale arménienne du royaume d’Ani. Une ville très importante pour l’époque, aux «mille et une» églises, il ne reste que des ruines que des vandales continuent à détruire. Les Turcs l’ont rebaptisée «Ana» et essaient de l’inscrire au patrimoine mondial comme leur appartenant.

Ils s’en sont également pris aux valeurs bibliques: le Mont Ararat, l’un des symboles fondamentaux des  Arméniens et l’ont renommé «Agri»!

Pour ce qui est de l’héritage culturel.  Selon  des  données  officielles,  au  début  de  l’année  1914,  le  nombre d’églises et monastères arméniens sur le territoire de l’Arménie Occidentale et de l’Empire ottoman était de 2 549 édifices (y compris les monuments des débuts du christianisme des IVe et Ve siècles). Leur majorité a été pillée, brûlée et détruite pendant la période du génocide. En 1974, l’UNESCO a relevé qu’après 1923, sur les 913 monuments architecturalement remarquables 464  ont été totalement détruits, 252 ne sont plus que des ruines,  197 nécessitent une reconstruction totale. Mais à l’heure actuelle, il n’y a plus rien à réhabiliter – la Turquie a, depuis, planifié leur destruction.

La politique actuelle des continuateurs néo-osmaniens dénie également le droit de restitution de la résidence de Sis du Catholicossat de Cilicie, usurpée au début du XXe siècle par le gouvernement turc suite au génocide.

La politique actuelle de la Turquie a conduit à la quasi disparition de la langue arménienne occidentale. En cause: la déportation des Arméniens d’Arménie Occidentale et l’impossibilité de réintégrer leur patrie historique donc de l’utiliser, ce qui est un droit fondamental.

Pour exemple flagrant de la politique néo-ottomane et assimilatrice menée: la relation avec les Arméniens Hamshen qui dans leur grande majorité ont été islamisés de force. Nombreux sont ceux qui ont perdu leurs racines, leur identité nationale, ne se sentent pas descendants d’Arméniens, se dénomment eux-mêmes comme khemshils. Récitant des prières en arménien occidental (comme le «Notre Père»), certains sont persuadés qu’il s’agit d’une prière khemshile en langue turque. Ou encore, s’agissant de chefs d’oeuvre d’architecture tels les magnifiques ponts Hamshen à un arc, uniques en leur genre et datant du Moyen Age, les Turcs se les attribuent sans honte aucune. Nous nous devons d’utiliser toutes les possibilités pour aider nos frères et  nos  soeurs Hamshen à se réapproprier leurs racines arméniennes.

Concernant l’artisanat et en particulier l’art des tapis, les Turcs s’attribuent le tissage arménien   jusqu’à les faire venir d’Arménie (orientale) ou en les imitant – y compris en reproduisant les symboles, les couleurs -, affirmant qu’il s’agit de leur patrimoine national turc.

Ils sont si scrupuleux et dénués de principes au point d’avoir fait leur notre chant patriotique (Hymne national de l’Arménie Occidentale), «Zartnir lao mernim kézi» – l’unique berceuse au monde où la mère appelle  son fils  pour défendre la Patrie. Ce chant accompagnait nos soldats-fedayis au front alors que l’équipe de football turque l’utilise comme hymne mais avec des paroles turques.

Notre cuisine traditionnelle ancestrale est également «expropriée par nos voisins». C’est facile à prouver si on se réfère aux sources.

Ainsi c’est le cas du blé, mais on pourrait également citer d’autres produits. On sait que la patrie du blé se situe sur le Plateau arménien. Jusqu’à maintenant 3 à 4 variétés sont considérées comme exclusivemtn arméniennes. Depuis les temps les plus anciens, les Arméniens s’occupaient de traiter le blé. Boulghour, pokhindz, korkot, dzavar, atchar – représentent  les différentes variétés  du blé utilisés en cuisine arménienne.

Les plats que les Turcs et autres voisins «avec l’aide de l’UNESCO», essayent ou se sont appropriés sont en fait depuis des temps immémoriaux des spécialités arméniennes. Leur préparation technique en témoigne avec l’utilisation du «tondyr» ou «tonyr» et ils portent des noms arméniens. Il en est de même pour le lavash et le madnakasha.

Ainsi que le prédisent certains, après avoir homologué comme leur le plat national nommé «kashik» (kashel, en arm.), les Turcs souhaiteront s’approprier le «tondyr» (qui était le symbole du Soleil sur terre à l’époque où les Arméniens étaient adorateurs du Soleil). Ce «tondyr» remplissait plusieurs fonctions: il était utilisé en cuisine, pour chauffer la maison, pour rétablir le malade en convalescence.

Tout cela se fait dans le but de donner aux Turcs la possibilité de prétendre être le peuple premier du Plateau arménien. Mais quoi qu’ils fassent, qu’ils falsifient leur propre histoire, l’histoire se souvient d’eux en tant que nomades sanguinaires qui se sont emparés des terres d’autrui, de leurs biens et de leur patrimoine culturel.

La République turque est membre de l’UNESCO. Il est temps pour l’UNESCO et les autres organisations internationales de s’en tenir aux principes de l’histoire authentique, du droit, des normes d’éthique et non pas, comme à l’heure actuelle, de pratiquer un double langage.

Espérons qu’il se trouvera au sein de l’UNESCO et d’autres instances internationales des spécialistes honnêtes qui pourront mettre fin au vandalisme qui perdure et auront le goût de s’atteller à l’étude des sources historiques authentiques et non de travailler sur des faits rapportés ou inventés. Cela touche non seulement l’histoire du peuple arménien mais celle du monde, son héritage culturel, spirituel et religieux.

17.11.2016

 Yuliya Guloyan,

Député au Parlement d’Arménie Occidentale,

Responsable de la commission culturelle, membre du présidium de l’union des femmes arméniennes «Hamshenian».

 (Exposé spécial dans le cadre du meeting international concernant le Proche Orient «La politique néo-ottomane de la Turquie: défis et menaces», avec la participation d’experts et de politologues reconnus venus de Russie, d’Arménie, de Syrie, d’Iran, de Turquie, d’Irak et d’Israël, sous l’égide de l’Agence fédérale d’information «REGNUM», Russie).

 Traduction du russe par Beatrice Nazaryan, député au Parlement d’Arménie Occidentale

Arménag Aprahamian: «La France, la Cilicie et l’Entente»

Arménag Aprahamian: «La France, la Cilicie et l’Entente»

Appel de l’Assemblée Nationale (Parlement) de l’Arménie Occidentale en direction des Parlements des pays –membres du Conseil de Sécurité de l’ONU (concernant l’agression de la république d’Azerbaïdjan envers la république du Nagorno-Karabagh)

L’Assemblée Nationale (Parlement) de l’Arménie Occidentale condamne fermement la décision sans précédent, agressive et irresponsable de la république d’Azerbaïdjan et de ses inspirateurs d’avoir entamé des actions militaires de grande envergure contre la république du Haut Karabagh provoquant une  aggravation notoire sur toute la ligne de contact avec l’Artsakh ainsi qu’à la frontière de la république d’Arménie qui se sont transformés en conflits militaires directs Lire la suite

Tigran Pashabesyan – Premier ministre de la République d’Arménie Occidentale

Premier ministre de la République d’Arménie Occidentale

Tigran Pashabesyan