Ce 105e anniversaire de mémoire et d’office des morts pour le victimes du Génocide des arméniens montre nos manquements concernant les questions de la reconnaissance, la condamnation du Génocide des arméniens et ses compensations.
A ce jour le panturkisme, en tant que théorie de la xénophobie, de l’intolérance et du racisme, n’est pas jugé; il n’y a pas de point de vue commun sur la période réelle du Génocide des arméniens, ne sont ni précisés ni exposés les deux côtés que ce soit celui des participants à ces actes de Génocide contre les arméniens ni les recueils de documents pour une compensation totale des pertes subies pendant les actions génocidaires entreprises à l’encontre des arméniens…
Depuis un certain temps, la nécessité d’adopter une conception globale sur la question de la reconnaissance et la condamnation du Génocide des arméniens et ses compensations a muri et s’appuie sur les faits et les réalités suivants
- La doctrine du panturkisme, en tant qu’instrument servant à la réalisation du Génocide des arméniens, a été mise en action dans les années 1873-1874 puis adoptée par les gouvernements turcs successifs et, à partir de 1918 adoptée également par l’Azerbaïdjan.
La tactique du Génocide a été utilisée contre les arméniens, les grecs, les assyriens et autres peuples entre 1894 et 1923. En ce qui concerne les arméniens, elle est toujours d’actualité.
Confirmées par certaines recherches, entre 1894 et 1923 plus de quatre millions de citoyens de l’Empire – arméniens, grecs, assyriens – ont été massacrés par les gouvernements turcs successifs – du sultan, des Jeunes Turcs et de Kémal;
- Le Génocide des arméniens a eu lieu sur le territoire de l’Empire ottoman, en Arménie Occidentale, en Cilicie Arménienne, en Arménie Orientale, dans les villes de Bakou, Choucha…
De 1918 à 2016 les gouvernements successifs d’Azerbaïdjan ont continué cette politique innommable sur les soit-disant territoires de la République Azerbaïdjan – à Soumgaït, Bakou et également à Choucha, au Nakhitchévan, en Artsakh, à Gardmanè, Gandzak, Maraguè, Chaoumian, Talysh et autres territoires arméniens.
- Le Génocide des arméniens avait déjà été condamné en 1896, 1909, 1915, 1919-1920 :
– Les pogroms hamidiens de 1894-1896 ont été condamnés par des personnalités progressistes de l’époque – Jean Jaurès, Victor Bérard, Anatole France, Johanès Lepsius, Linch et d’autres.
– Les progroms d’Adana en 1909 portaient la même signature : celle des autorités turques dont les exécutants étaient les foules nationalistes galvanisées et les bandes kurdes avec le soutien de l’armée turque. Plus de trente mille arméniens ont été victimes des massacres d’Adana.
Des débats judiciaires ont bien eu lieu en relation avec ce fait de Génocide mais ils n’ont revêtu qu’un caractère formel. De plus un incendie a été provoqué dans le but de faire disparaître des documents juridiques. Malgré cela, de nombreux documents ont pu être sauvés et sont conservés à ce jour.
– Le 24 avril 1915, avec l’arrestation de l’intelligentsia arménienne à Constantinople, commence la vague phénoménale du Génocide des arméniens qui a continué jusqu’en 1923 et n’a cessé jusqu’à aujourd’hui. Le bilan de ce Génocide des arméniens est de plus de un million et demi de massacrés arméniens, un demi-million déportés qui ont constitué le flot des réfugiés et des bannis.
- Le 24 mai 1915 la Grande Bretagne, la France et la Russie ont, dans une déclaration commune, condamné les pogroms organisés par les Jeunes Turcs et qualifié le Génocide des arméniens d’avril 1915 de nouveau crime de la Turquie contre l’humanité et la civilisation. Dans ce texte il est dit en particulier: «Etant donné ces nouveaux crimes accomplis par la Turquie contre l’humanité et la civilisation, les gouvernements alliés de Russie, France et Angleterre annoncent publiquement à la Sublime Porte qu’ils imputent, à la responsabilité personnelle de tous les membres du gouvernement turc et ses représentants locaux qui s’avèreront impliqués à ce massacre, de ces crimes ».
– L’Empire ottoman, artisan du Génocide des arméniens, a été l’un des premiers à le reconnaître et le condamner.
En 1919-1920 à Constantinople, un Tribunal militaire spécial a organisé le procès des responsables Jeunes Turcs – membres et gouverneurs du gouvernement turc – sous deux chefs d’accusation : avoir entraîné l’Empire dans la guerre et avoir organisé les massacres, le génocide et la déportation d’arméniens – citoyens de l’Empire. Il a requis la peine de mort immédiate ou par contumace pour les responsables Jeunes Turcs suivants : Talaat, Enver, Djemal, Nazim, Kemal bey, Djemal Azmin, Nahim bey, Bekheddin Chakir et quelques autres. C’est ce qu’ont accompli par la suite les vengeurs arméniens dans le cadre de l’opération de vengeance « Némésis ».
- Au 1er janvier 2020, le Génocide des arméniens perpétré entre 1894 et 1923 sur le territoire de l’Arménie Occidentale, la Cilicie, l’Empire ottoman, l’Arménie Orientale, les villes de Bakou et Choucha, a été reconnu et condamné par 39 Etats dont deux superpuissances – les Etats-Unis d’Amérique et la Fédération de Russie – et par d’importants pays d’Europe, d’Amérique latine et du Proche Orient.
- Les dommages subis par les arméniens et l’Arménie en relation avec le Génocide des arméniens sont proportionnels à la période où le Génocide a été perpétré, c’est-à-dire entre 1894-1923 et 1918-2011.
L’inventaire et son évaluation doivent être fait sur la base de ces faits et évènements, chacun appuyé par ses propres recueils de documents qui serviront aussi bien à évaluer individuellement, collectivement que pour condamner le crime et les dédommagements pour les pertes subies.
Ainsi:
– le Génocide des arméniens constitue un crime international contre l’humanité et la civilisation;
– les massacres et déportations d’arméniens entre 1894-1923 portent le nom de Génocide d’après la Convention de l’ONU «De la prévention du crime de génocide et sa condamnation» du 9 décembre 1948;
– le Génocide des arméniens doit être jugé selon la Convention de l’ONU «Imprescriptibilité concernant les crimes de guerre et crimes contre l’humanité» du 26 novembre 1968
Et le délai d’ancienneté ne lui est pas applicable.
En conclusion, on peut constater que le Génocide des arméniens continue à l’heure actuelle. Il continuera tant que ce crime ne sera pas jugé et le préjudice entièrement dédommagé.
Mais pour l’instant, les arméniens n’ont pas créé de bases solides et fermes, incontroversables, juridiques, politiques, gouvernementales, nationales pour défendre leurs droits à la vie, au développement, au progrès.
Armen Ter-Sarkissyan
Président de l’Assemblée Nationale (Parlement) de l’Arménie Occidentale
24 avril 2020.
Traduit en français par Béatrice Nazarian
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Est joint le texte arméni
- Ովքե՞ր էին պանթուրքիզմի հիմնադիրները։ http://gov-wa.info/?p=3313&lang=hy
- Ջոն Կիրակոսյան, «Երիտթուրքերըպատմության դատաստանի առաջ», գիրք II, Երեւան, 1983:
- Israeli Researchers: Turkey’s Greek, Armenian, and Assyrian Christians Destroyed by “30-year Genocide” – https://www.breitbart.com/europe/2019/05/19/israeli-researchers-turkeys-christians-victims-30-year-genocide/?fbclid=IwAR2qSpIb3gW5-ye9n-MyVZsJmsM83Ca7DTyR7O9dQ9mPwoHE2X8N8SEZyzU
- Հայերի ցեղասպանության ճանաչման, դատապարտման եւ հատուցման հարցերի շուրջ Արեւմտյան Հայաստանի Հանրապետության (Հայաստան) ռազմավարության մասին։
http://gov-wa.info/?p=4265&lang=hy
- Մեծ Բրիտանիան եւ Հայկական հարցը:
- Երիտթուրքերի դատավարությունը։ http://www.genocide-museum.am/arm/online_exhibition_9.php
- Ջոն Կիրակոսյան, «Երիտթուրքերըպատմության դատաստանի առաջ», գիրք I, Երեւան, 1982:
- ՄԱԿ-ը հարցապնդում է յղել Թուրքիայի Հանրապետութեանը՝ 1915-1923-ին տեղահանուած հայերի մասին։ http://asbarez.com/arm/348948/%d5%84%d4%b1%d4%bf%d5%a8-%d5%80%d5%a1%d6%80%d6%81%d5%a1%d5%ba%d5%b6%d5%a4%d5%b8%d6%82%d5%b4-%d4%b7-%d5%85%d5%b2%d5%a5%d5%ac-%d4%b9%d5%b8%d6%82%d6%80%d6%84%d5%ab%d5%a1%d5%b5%d5%ab%d5%b6%d5%9d-1915-1923/?fbclid=IwAR2kKpb7l_daQVHQc2_S6tPe5HZhWTQXb4KJm6QCuEl9zlrCB7HGE129YxM
- «Ցեղասպանության հանցագործությունը կանխարգելելու եւ դրա համար պատժի մասին» ՄԱԿ-ի Կոնվենցիա, 9 դեկտեմբերի 1948 թ.։ https://www.arlis.am/DocumentView.aspx?DocID=75835
- «Պատերազմի հանցագործությունների եւ մարդկության դեմ հանցագործությունների նկատմամբ վաղեմության ժամկետ չկիրառելու մասին» ՄԱԿ-ի Կոնվենցիա, 26-ը նոյեմբերի 1968 թ.։ http://lousavor-avedis.org/?p=8581