Martik Gasparyan: «La destruction de l’héritage mondial et des trésors culturels des peuples est l’un des défis menaçant le monde civilisé contemporain» 3e partie

Au IVe siècle après Jésus-Christ, n’ayant pas réussi, une première fois, à pénétrer sur la rive sud de la Mer Caspienne en raison des conditions climatiques et naturelles très difficilesa régnant sur les steppes et déserts turkmènes, les nomades à force de cadeaux coûteux ont obtiennu du shah de Perse le passage par le Bas Plateau Persan et le Haut Plateau Arménien vers la Transcaucasie.

Afin de mettre à l’abri le patrimoine des peuples chrétiens, sur ordre de l’Eglise universelle le Catholicos de tous les arméniensa reçut les pleins pouvoirs, prit le titre de Patriarche Suprême et devint le berger de tous les chrétiens orientaux autochtones de Transcaucasie et du Bas Plateau Persan. Ces nomades-étrangers, après avoir anéanti les princes-nakharars locaux, ont assassiné enfants, femmes et vieillards, détruit et anéanti tout sur leur passage.

D’après les témoignages des scribes du Khalifat arabe, ces hordes étrangères ne possédaient rien car elles ne batissaient ni demeures ni lieux de culte et. ne faisaient que se déplacer à cheval. Les Khalifes arabes attestent qu’une seule fois ces cavaliers se sont adressés aux Princes du Khalifat et ont pris un emplacement pour en faire un cimetierre. Il suffit de consulter les cartes du Khalifat pour s’en convaincre. Le point culminant a été atteint pendant la période des actions sanguinaires d’Abdul Hamid et l’arménocide. Le complot des bolchéviks-athées et des kémalistes s’est prolongé sous Kémal Atatürk et la Turquie «républicaine» avec les élèves du Guide du prolétariat mondial et Père de tous les peuples, les Baguirov jusquau clan Aliev. Et cela en dépit des décisions du droit international prises par les Grandes Puissances. Impunis – individuellement aussi bien que collectivement – par l’opinion mondiale et le monde actuel, ils continuent avec des méthodes néobolchéviques, néoosmaniennes, panturkistes et panislamiques à perpétuer un génocide blanc et l’anéantissement culturel. Voilà en résumé l’histoire des cent ans passés où se sont formés les Etats artificiels turc et orientaux de même religion.

Avant la chute de l’Union Soviétique l’enclave du Nakhitchévan comptait environ 27 000 monastères, églises, khatchkars (croix arméniennes en pierre ciselée), pierres tombales entre autres reliques de son héritage culturel. Aux environs de 1998 il ne restait plus que 2 700 khatchkars et l’Arménie a formulé ses premières accusations envers les autorités azerbaïdjanaises. Finalement l’antique cimetierre arménien près de Djoulfa a été détruit en 2005. Les khatchkars-pierres tombales ont été cassés par des gens en uniforme militaire aidés de lourds engins du batiment. Tous les débris ont été chargés dans des camions et déchargés dans le fleuve Arax. Le territoire du cimetierre a été transformé en terrain de tir.

En 2006 nos voisins orientaux ont interdit à la commission du Parlement européen de visiter le site de l’ancien cimetierre. Charles Tannok, représentant britannique de cette commission a déclaré: «Cela ressemble à la destruction par les talibans des statues de Bouddha. Ils ont bétonné le territoire et l’ont transformé en camp militaire. S’ils n’ont rien à cacher, ils doivent nous permettre d’examiner le lieu».

En 2010 des témoins ont confirmé avoir vu détruire le cimetierre, fait confirmé par l’association américaine pour l’aide au développement de la science, basée sur l’analyse de données prises par satellite. TOUTES LES RELIGIONS DU MONDE LE CONFIRMENT: il ne faut pas déranger les défunts, ils pourraient se venger.

La Turquie

Des centaines de villes détruites, des millions de morts – C’est le bilan des pertes de l’Europe pour le fait que ses dirigeants aient tu le Génocide des arméniens et n’aient tenu aucune des promesses à l’ncontre du pauvre peuple arménien dupé.

Le Génocide des arméniens a été le fait des gouvernements de la Turquie. Le Génocide a été exécuté non pas par les musulmans mais par les turcs. C’est grâce aux arabes musulmans qui pendant les années de Génocide ont sauvé des dizaines et des centaines d’arméniens, qu’il existe à l’heure actuelle à travers le monde une diaspora arménienne.

La destruction du patrimoine historique et culturel sur le territoire de la Turquie, l’usurpation de nombreuses richesses culturelles du peuple arménien continuent de nos jours. Il faut initier une démarche ciblée et conséquente pour que soit jugée cette politique d’Etat de génocide culturel, qui dure depuis des décennies, de destruction et d’usurpation des monuments culturels et religieux arméniens sur le territoire de l’Arménie Occidentale et de la Turquie et en même temps qui recentre la Turquie sur ses responsabilités en accord avec le droit international. La politique de la Turquie envers l’héritage culturel du peuple arménien doit être jugée d’après les traités et conventions suivantes:

  • Accord de Lausanne, 1923
  • Convention concernant la sauvegarde de l’héritage culturel et les ressources naturelles mondiales, 1972
  • Convention européenne pour la sauvegarde du patrimoine architectural, 1992
  • Adoptée en 1987 et confirmée en 2004 la Résolution du Parlement européen «De la solution politique de la Question Arménienne» qui exige de la Turquie respect et conservation des monuments historiques du peuple arménien.

La tragédie vécue par le peuple arménien a bouleversé tous les aspects de son existence, de sa relation aux autres, s’est profondément ancrée dans sa mémoire et pèse sur les générations qui ne l’ont pas vécue.

La Turquie a toujours massacré notre peuple et continuera de le faire.

La Turquie estime profitable de s’unir au frère azerbaïdjanais et les arméniens la gênent. Pour résoudre la Question Arménienne elle va étreindre les arméniens avec une telle force jusqu’à l’étouffer par ses embrassades amicales. Notre peuple ne peut éternellement se trouver au fond de ce sac de voyage! Il faut construire de nouvelles voies pour sortir de l’encerclement türk: s’entendre avec la Turquie pour s’engraisser n’est pas une solution.

Peut-être que la Turquie d’aujourd’hui n’est plus l’Empire ottoman du début du siècle dernier, peut-être a-t-elle changé? Non, mille fois non.

Les américains ont des plans précis pour cette région: supprimer les particularités nationales et créer des milieux plus cosmopolites. Cette région du monde musulmano-chrétienne est difficile et ne convient pas à l’Amérique. L’expérience montre que les chrétiens qui intègrent les idées de globalisation deviennent cosmopolites. Ce processus peut être positif lorsque toutes les parties adoptent les règles du jeu: à une certaine époque, les bolchéviks azerbaïdjanais et turcs jouaient à la révolution russe et à présent ils jouent à la globalisation mondiale. Mais au fond de tout cela  il y a une autre civilisation qui nous est étrangère. L’Arménie a toujours été l’avant-poste de la chrétienté, ce qui l’a rendue vulnérable.

Au XXIe siècle les arméniens seront obligés d’édifier un mur entre les civilisations. Ce sera lui qui sauvera le peuple arménien.

16 mai 2019

Martik Gasparyan –

académicien, membre du Conseil scientifique de l’Académie des Sciences de Russie, membre du Présidium de l’Académie des Sciences Naturelles de Russie, responsable du Centre de droit et d’expertise international de la question des restitutions et réparations,

Député de l’Assemblée Nationale (Parlement) de l’Arménie Occidentale

 

 Traduction du russe par Beatrice Nazaryan, député au Parlement d’Arménie Occidentale

 

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