«Être a la foudre et un paratonnerre… »
Paruyr Sevak, «Vivre»
Puisque cette année, celui qui aurait participé avec un vif enthousiasme au « concert sur commande » pour déclarer : «Je condamne les actions terroristes de l’ASALA… » est en retard, nous nous hâtons et répétons d’abord : «L’ASALA n’est pas du terrorisme, mais une lutte de libération», tout en nous permettant de poursuivre le sujet.
L’ASALA n’est pas seulement non terroriste ; elle est même anti-terroriste. C’est une riposte légitime aux crimes de plus de cent ans commis par le terrorisme d’État turc contre la patrie arménienne et le peuple arménien.
L’Arménie occidentale (y compris la Cilicie) et sa population arménienne ont été ciblées il y a près de cent ans, d’abord par les théoriciens et fondateurs du panturquisme, puis par les actions criminelles des gouvernements turcs successifs. Ces gouvernements ont d’abord privé les Arméniens d’Arménie occidentale des conditions élémentaires de vie et de survie, puis ont organisé des actes inhumains et criminels d’extermination et de déportation forcée. Aujourd’hui, en niant le génocide, ils continuent d’empêcher la population arménienne de l’Arménie occidentale d’avoir un avenir et le droit de se développer.
La théorie du panturquisme a émergé et s’est formée au début des années 1870. L’un de ses premiers idéologues, Arminius Vambery, a publié à Londres en 1873-1874 les livres Boukhara et Asie centrale, glorifiant la supériorité et la « gloire ancienne » du peuple turc. (1) Ensuite, chronologiquement, d’autres noms notables et leurs publications sont : Franz von Werner (1877), Konstantin Borhetsky (1889), Leon Kahoun (1896), Albert Cohen (1915), Halide Edip (1916), Ziya Gökalp (1923), et d’autres… (2)
Il est remarquable qu’à peine vingt ans plus tard, le sultan Abdul Hamid II, adoptant les dispositions programmatiques du panturquisme, lance en 1894-1896 une campagne terroriste d’État contre les citoyens arméniens de l’Empire ottoman, comprenant massacres, nettoyage ethnique, déportations forcées et génocide. Les Jeunes-Turcs, immédiatement après leur accession au pouvoir en 1909, puis en 1915-1917, poursuivirent la mise en œuvre du programme panturquiste, entraînant le génocide complet et la déportation des Arméniens de l’Arménie occidentale. En 1918-1923, ce plan se trouvait déjà entre les mains des kémalistes. Ainsi, trois gouvernements turcs successifs, sur environ 30 ans (1894-1923), ont anéanti plus de 1,5 million d’Arméniens et en ont déporté 1 million, s’emparant de la majeure partie de la patrie arménienne.
L’humanité n’avait encore jamais vu de crimes de cette ampleur fondés sur la xénophobie et le racisme. Ce n’est que vingt ans plus tard qu’elle serait témoin, participante et victime de crimes à un nouveau niveau – la xénophobie et le racisme fascistes durant la Seconde Guerre mondiale.
Après tout cela, qui parle encore de terrorisme ?
Nous savons qu’il est inutile de parler de morale avec ceux qui n’ont ni compréhension ni sensibilité à ce sujet.
Mais nous pouvons parler de droits : le peuple arménien, en tant que nation dispersée, a droit au développement et à l’avenir. Pour ce faire, sa patrie doit lui être restituée légalement et les dommages doivent être réparés. Pourtant, les gouvernements turcs successifs dans l’ère moderne poursuivent le travail de leurs prédécesseurs : ils détruisent les monuments, changent les toponymes, falsifient l’histoire, soutiennent des régimes et forces du Moyen-Orient qui tentent de soumettre les Arméniens à de nouvelles déportations forcées, toujours plus loin de leur terre natale – vers l’Europe et l’Amérique… Au Moyen-Orient, jouant le rôle de complice des promoteurs de la démocratie, ils menacent les Arméniens de Syrie (3). Et lorsqu’ils reçoivent une riposte méritée à leurs crimes, ils paniquent et crient au « terrorisme arménien »…
Le printemps reviendra, l’homme et la nature se réveilleront à nouveau, et les médias et télévisions turcs, étatiques et non étatiques, seront à nouveau inondés d’invectives et de mensonges sur l’ASALA et le « terrorisme arménien ».
Mais l’ASALA, comme le dirait Paruyr Sevak, est devenue pour le peuple arménien « a la foudre et un paratonnerre » (4), une résistance et une protection contre le terrorisme d’État turc qui dure depuis plus d’un siècle.
Les communiqués officiels de l’ASALA se terminent généralement par : « La victoire sera nôtre ». Nous croyons que cette victoire, en tant qu’affirmation des droits divins et humains et de la justice, appartiendra à l’ASALA et à notre peuple.
Cet article de Tigran Pashabezyan, Premier ministre de la République d’Arménie Occidentale (État d’Arménie), a été initialement publié en arménien le 12 avril 2012 dans le magazine publique « Le Vœu d’Ararat » («Ուխտ Արարատի»), sous la signature de Initiative publique « Le Vœu d’Ararat » («Ուխտ Արարատի»)» des combattants de la liberté et anciens prisonniers politiques de l’Armée secrète arménienne pour la libération de l’Arménie.
12 avril 2012
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Notes :
- Voir Arminius Vámbéry, « Boukhara », « Asie centrale », Londres, 1873-1874.
- Voir Gaspar Terteryan, Relations du sionisme et du panturquisme et leur menace pour l’existence de l’Arménie, Éd. Bisan, Beyrouth, 2002.
- Voir Ahmet Davutoğlu, « La Turquie doit jouer un rôle plus actif au Moyen-Orient et dans les Balkans, mais ses relations avec l’Occident resteront prioritaires », PanARMENIAN.Net, 02.05.2009.
- Voir Paruyr Sevak, Vivre, Recueil de poèmes, n°1, Éd. Arménie, Erevan, 1972, pp. 365–366. http://sevak.am/poem/%D5%84%D4%B1%D5%90%D4%B4%D4%B8-%D4%B1%D5%93%D4%BB-%D5%84%D4%B5%D5%8B/%D4%B1%D5%8A%D5%90%D4%B5%D4%BC







